Publié le 30 Juillet 2018

Ce livre est à lire en été. La température des hauts fourneaux, la plage en plein midi, la tension des situations donnent très chaud.

L'histoire est terrible et magnifique en même temps, à l'image du décor comme cette « plage » entre deux bâtiments industriels, envahie par les chats errants, avec toute la pollution possible.

Le récit raconte la relation entre deux filles de ces cités abandonnées de tout espoir, très belle, très forte, dans une cité industrielle toscane, dans les années 90.

 

Elles sont pleines d'énergie, rayonnantes de leur amitié. Cette amitié est suffisante pour surmonter toute la violence autour d'elles, la laideur du lieu. Celle-ci est accentuée par le contraste avec l'île d'Elbe fréquentée par les touristes, de l'autre côté de la mer. Elles l'observent sans cesse, comme une promesse qu'un ailleurs est possible.

Ce lieu inaccessible fait partie du décor comme les cours de béton, les barres d'immeubles.

L'auteur répète à plusieurs reprises de petits faits insignifiants pour marquer un peu plus la désolation. Par exemple, il y a cette petite fille qui fait pipi sur les marches de l'escalier de leur immeuble. Ce fait est présenté comme anodin … et le fait que ce soit présenté comme anodin ajoute à la misère déjà grande.

Et pourtant, il va se passer quelque chose de beau dans ce décor sale et désoeuvré. Rien n'est noir, malgré tout. Il n'y a pas d'apitoiement car les personnages ne se l'autorisent jamais. Seulement de la dureté, comme l'acier. Tout est visuel, sensoriel.

Le tour de force de ce livre est de donner réellement envie au lecteur de se rendre dans cet endroit perdu, grâce à des descriptions fascinantes.

La morale est la suivante : tout est possible, l'amour et le beau, surtout. Un grand coup au cœur.

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

Publié dans #Littérature italienne

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Publié le 30 Juillet 2018

Ce polar raconte l'histoire d'un flic qui s'intéresse par hasard à une série de morts dûes à des piqûres d'araignées « Recluse ». Il est seul contre tous à trouver ces morts suspectes et doit, grâce à son charisme incroyable, se faire aider par les membres de son équipe. Chacun d'entre eux est une nature unique.

En marge de l'énigme principale, des meurtres et des harcèlement sont résolus. Le commissaire est très doué, rien ne lui échappe grâce à son sixième sens, et il n'hésite pas à faire appel à tout le monde, y compris son frère, avec des moyens parfois discutables.

Tous les personnages, très nombreux, font l'objet d'une description très détaillée, et les particularités sont répétées, au cas où le lecteur aurait oublié.

Chaque élément du décor est précis : la camionnette est non seulement jaune mais du jaune de la Poste. Voilà ; j'ai été noyée par tout ça et il en est resté une impression désagréable de lire du club des cinq pour adultes.

 

 

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

Publié dans #Littérature française

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Publié le 20 Juillet 2018

Après la lecture du du « Dernier des Camondo » de Pierre Assouline (article du 26 Mars 2018), j'ai eu envie de visiter la maison que le comte Moïse de Camondo comptait léguer à son fils Nissim. Celui-ci étant mort sur le front de la première guerre mondiale, Moïse décida d'offrir cette demeure à la République Française pour inciter toute jeune personne ayant envie d'être artiste ou artisan à découvrir les trésors du 18ème siècle qui y sont accumulés.

Cet hôtel particulier est intact, rien n'a changé depuis la donation en 1934, excepté quelques aménagements pour la visite. Tous les objets, tapis, revues, assiettes, horloges … sont là pour l'éternité semble-t-il.

La famille, elle, a brutalement disparu en 1943. L'état français, bien reconnaissant, a déporté Béatrice, la sœur de Nissim, son mari Léon Reinach, et leurs deux enfants d'une vingtaine d'années. Aucun ne reviendra. La famille de Camondo s'est alors définitivement éteinte. Elle avait pourtant cru en l'Etat qu'elle avait si bien servi.

Sur les murs de la cour du Mémorial de la Shoah se trouvent les noms de cette famille, Béatrice n'est pas sur le même mur que les autres, étant décédée l'année suivante.

L'entrée du Mémorial est dédiée à Simone Veil, deux albums de belles photos en noir et blanc retracent sa vie. Il y a un livre d'or pour lui dire merci. Et puis quelques marches pour descendre, encore une installation immense, toute grise de béton pour se rappeler, et la voix de Sandrine Kiberlain et d'une autre femme qui lisent à haute voix, sans interruption, les noms des 76 000 juifs de France morts en déportation.

Encore quelques marches et nous y sommes. Pour commencer la visite, un film retrace l'histoire de la persécution des juifs de tous temps. Même si le film est très explicite, je ne comprends toujours pas cette haine, si profonde, si ancienne.

Tout au long de la visite, il y a des petites vitrines avec sur chacune d'entre elle, un cahier accroché, le nom et le visage de la personne déportée. Dans la vitrine, des lettres de celle-ci, des effets personnels et le petit cahier raconte certains moments de sa vie. Ainsi cette jeune fille étudiante à la Sorbonne qui ne peut pas présenter l'agrégation parce que juive. Elle raconte dans une lettre l'humiliation ressentie lors de sa première sortie avec l'étoile jaune sur son vêtement.

Tous les thèmes possibles sur les exactions commises à l'encontre des juifs sont présentés avec des photos, des phrases simples et claires, des documents de l'époque.

Des écrans permettent d'écouter des déportés racontant leur voyage pour le camp, les tâches avilissantes, la déshumanisation.

Un couple relate comment, alors qu'ils étaient tous deux déportés depuis des années, ils se retrouvent dans le hall de l'hôtel Lutetia bondé de gens désespérés. Elle est énorme à cause d'un oedème, lui fait 32 kilos. Ils se reconnaissent immédiatement.

Simone Veil raconte aussi, presque au bord des larmes, toutes les peines encourues. Elle dit n'avoir plus jamais été comme avant à son retour, elle a abandonné une partie de sa vie dans le camp.

Le témoignage le plus frappant est celui de cette femme, jeune fille à l'époque pleine d'espoir. Elle a cru tout le temps de son enfermement que, dès que les autres pays seraient informés de l'existence des camps, ils interviendraient immédiatement. Il ne pouvait en être autrement.

Enfin, Vivette raconte la ration de pain donnée chaque soir, pour tout repas de la journée. Cette ration est maigre mais qu'il serait bon de pouvoir partager le lendemain matin avec son amie, ce qui aura pu être gardé, malgré les vols. Elle survivait pour ces matins de partage, sa portion d'humanité qu'elle avait su conserver en elle dans cet enfer.

Au détour d'un mur chargé de photos, voici une photo de Simon Wiesenthal. Il n'a pas le droit comme Claude Lanzmann à un écran où une interview est projetée. Son statut de chasseur de nazis est indiqué. Sa petite place est sans doute dûe à toutes ces incohérences dans ses récits de déporté. Et pourquoi pas ? Les gens n'avaient pas envie d'entendre à leur retour, il a cru bon peut-être d'exagérer pour être écouté.

Avant de partir, un tableau présente la répartition par pays des 6 millions de juifs morts en déportation. Les trois millions de juifs polonais représentaient 89,5 % des juifs polonais avant la guerre. Mêmes proportions pour les lituaniens et les tchèques, en moindre nombre. Que sont devenus ces rescapés juifs polonais, lituaniens et tchèques ? Plus personne à retrouver, plus rien certainement, plus envie de revenir peut-être.

Les murs de la dernière pièce sont recouverts des photos des juifs français morts en déportation, c'est infini et concret en même temps.

J'ai eu envie de pleurer pendant les trois heures passées dans cet endroit. Je devrai y retourner car je n'ai pas tout regardé, c'était suffisant pour une première fois. On a beau savoir que l'on sait, il faut revoir encore et encore, les photos de ces gens, leurs témoignages. Il y a toujours à apprendre.

Je repense à cette lettre d'un homme incarcéré au camp de Pithiviers. Il sait qu'il va être déporté et qu'il ne reviendra pas. Il écrit une lettre magnifique à sa femme. Il sait que c'est la dernière. Relire cette lettre n'est pas du voyeurisme, juste perpétuer la mémoire de ces victimes, leur donner une parole.

Ne pas oublier doit nous rendre plus tolérants, ouverts, généreux.

Je pense aux syriens, à tous les migrants.

 

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

Publié dans #Eclat de voix

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Publié le 17 Juillet 2018

Ce livre, sorti aux Etats Unis en 1961, a été un succès d’estime dans les milieux littéraires. Publié sur le nom « Revolution Road », il retrace la vie d’une jeune famille d’américains moyens vivant dans la banlieue de New-York, leur maison est sur la Revolution Road, nom prometteur.
Frank est pédant et se regarde vivre sous l’oeil admiratif d’April, sa jeune femme qui rêve aussi sa vie. Les rêves se rejoignent parfois mais pas toujours. Les hasards de la vie sont là pour les éprouver. Frank et April sont très conformistes alors qu’ils se veulent différents des autres, au-dessus des autres. Ils critiquent sans cesse leur entourage.
Par exemple, Frank s’observe pendant une discussion avec son responsable et pense déjà à la façon dont il narrera le soir la scène à sa femme, pour bien mettre se mettre en valeur et montrer combien son responsable est méprisable.

La description de son travail est digne du film « Brazil » de Terry Gilliam, chacun occupe une place interchangeable dans ce dédale de bureaux minuscules placés sur un plateau. Il traite un dossier ou ne le traite pas, aucune importance pour lui comme pour les autres. Il est désinvolte mais tout le monde l’est, alors pourquoi pas lui ?

Je dois reconnaître que la lecture de ce livre est une épreuve car il est magnifiquement écrit et juste de cruauté, les atermoiements des personnages sont d’actualité.
Yates va très loin dans les abysses de l’âme humaine, avec la grâce de ne pas avoir l’air d’y toucher. Il prend son temps pour décrire les dérives de ce petite couple a priori inoffensif.
Il y a de la violence, beaucoup d’alcool.
Seul un vrai (?) fou ayant la permission de sortie dominicale sait désigner directement ce qui ne fonctionne pas dans les relations autour de lui. Cela peut être drôle quand il s’agit du comportement de sa propre mère.

Tout le long de la lecture, on se pose plusieurs questions : jusqu’où ira ce couple ? A quoi tient un couple ? A ses projets ? Ses mensonges ? Les hasards tout simples comme une visite impromptue qui déclenche une colère ou au contraire évite l’inéluctable ?

Ce récit est glaçant de vérité, trop juste, trop désespérant, ce qui explique peut-être qu’il n’a pas rencontré son public au moment de son édition.
 

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

Publié dans #Littérature américaine

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Publié le 16 Juillet 2018

Le titre est déjà une promesse de réconfort pour parent perdu. 

Isabelle Fiolliozat nous guide avec simplicité et bienveillance, avec pour unique but de progresser et surtout pas de culpabiliser, réflexe pourtant courant.

Or la culpabilité est un frein à la relation et pour la résolution des problèmes.

 

Une des pistes pour se sentir mieux en tant que parent est  :
- être en contact avec ses propres émotions,
- avoir un sentiment de sécurité à l’intérieur de soi,
- quels que soit leurs comportements ou paroles, les enfants n’ont pas le pouvoir de détruire le parent,
- ne pas craindre le regard des autres,
- s’aimer (tout simplement !).

Mais vouloir élever ses enfants est bien plus compliqué qu’il n’y parait puisque « Nos réactions violentes envers nos enfants ont aussi une autre dimension : celle de la vengeance de notre propre enfance ».

Ce livre est non seulement écrit de la façon la plus simple possible mais chaque sujet est ponctué de nombreux exemples très courants.
Il propose dans sa deuxième partie un coaching, des exercices, une réflexion plus poussée sur sa propre histoire, une vraie boite à outils pour mieux bricoler ces relations rêvées idéales et si douloureuses parfois.

A offrir à tous les parents curieux et désireux de mieux faire.
 

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

Publié dans #Document

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Publié le 11 Juillet 2018

Il la regarde, elle ne change pas.
Il ne pose pas de question, plus par discrétion que par indifférence. Indifférence et discrétion se mêlent et il ne sait plus ce qui l’emporte entre les deux.
Elle attend pourtant quelque chose. Elle est assise, là, dans son fauteuil près de la fenêtre. Elle tient le journal grand ouvert, les bras bien écartés, comme un énorme paravent. Elle tourne les pages de temps en temps, les rapproche de ses yeux. Elle n’arrive pas à se concentrer sur les mots, ils sautent et elle les relit sans les comprendre.
Cette fois, elle ne l’accompagne pas, elle est ravie. Finis ces bivouacs improbables avec les serpents qui rôdent autour du sac de couchage posé à même le sol. Elle n’arrivait plus à profiter de ces superbes paysages arides. Elle n’attendait que le retour, être dans son salon confortable et avait un peu honte de ne pas se satisfaire de ces séjours.
Lui aime ces moments où tout peut basculer et où il faut mettre en jeu son instinct. Retrouver la piste, boire l’eau du marigot sans la remuer parce qu’il n’y a plus rien à boire, côtoyer des gens qui ne voient jamais de blancs, errer la nuit dans des quartiers mal famés … voilà qui touche son âme, il se sent alors vivant.
Il regarde autour de lui, les objets accumulés, la bibliothèque pleine à craquer de livres lus pendant ses courtes nuits. Il ne les relira jamais, il en est certain, mais leur présence lui plait. Chaque ouvrage évoque un instant privilégié de sa vie, une rencontre spéciale avec un narrateur. Chaque livre constitue un petit voyage en soi. Son regard se pose sur la table en bois massif, qu’il a réalisée dans son atelier. Elle est lourde, solide comme lui. Les fauteuils sont plus légers, leur fabrication a été plus compliquée. Quelques coussins sont disposés sur le canapé usé. La lumière du matin est faible, il est pressé d’en finir.
« Que comptes-tu faire pendant ces trois semaines ? » Elle est interloquée, il a posé la question qu’elle n’attendait plus.

Elle referme lentement le journal. Le pliage du papier est strident à ses oreilles. Elle ne sait pas quoi répondre. Il attend, puis décide de ranger son sac, vérifie ses papiers. La règle est de ne jamais prévoir au dernier moment le matériel. Il va découvrir de nouveaux lieux mais aussi retrouver des odeurs, des sensations. Il n’attend pas grand chose des rencontres éventuelles mais sa curiosité l’emporte toujours et il ne peut s’empêcher de discuter avec n’importe qui. Il est déjà parti.

Elle est prise de vertiges. Elle a attendu ce moment tant de fois. Elle va enfin être seule, décider de tout et ne rien faire en même temps. La facilité avec laquelle elle a obtenu de rester la désarme encore. Ils ont toujours parcouru les sentiers ensemble, lui devant, débordant d’énergie, racontant mille anecdotes tout en débusquant les pierres du chemin. Elle se concentrait sur ses pas, évitant de se tordre la cheville, prenant son souffle, et calculant combien de kilomètres il faudrait encore parcourir pour arriver à l’étape du soir.

……

Le jour se termine, seuls les magasins éclairent la rue, les lampadaires vont bientôt s’allumer. Elle voit les vitrines sans les regarder. Elle est surprise de se sentir légère, sentiment rare, presque oublié. Elle se laisse porter par les passants. Elle regarde une petite fille qui donne la main à sa mère. Elle aime cette confiance donnée, l’insouciance de l’instant. Un arrêt de bus se présente. Après avoir regardé le plan, elle décide qu’elle va attendre le prochain. La conversation animée entre deux jeunes femmes à côté d’elle la surprend. Elles ne sont pas d’accord. Impossible de comprendre de quoi il s’agit. Elle sursaute quand les jeunes femmes se mettent à éclater de rire. Elle ne peut s’empêcher de sourire elle aussi. Le bus arrive, elle monte dedans et s’assied à une place proche de la fenêtre. Tout son corps et son visage sont tendus vers le spectacle de la rue. Les lumières se sont allumées et la pluie est arrivée presque en même temps. Elle est bien là, dans le bus, au chaud, à l’abri. Elle peut observer le monde de sa place, sans risquer de paraître importune. Elle peut encore profiter des discussions autour d’elle. Elle pourrait passer un long moment ainsi.

Est-ce si grave de vouloir contempler ? De ne pas avoir envie de traverser la planète ? Pourquoi partir à l’autre bout du monde quand celui qui se présente à soi est déjà si riche ? Elle cherche comment elle en est arrivée à se dire ça, comment tout a commencé.
Tout s’est estompé tout doucement, sans éclats. Le silence a pris sa place, au départ comme un repos, puis désormais comme une habitude.

Elle referme le manteau sur elle, se blottit dedans, Il rentrera dans quelques jours, amaigri, satisfait de lui, de ses performances, d’avoir su suivre le groupe, montrer aux jeunes qu’il les vaut bien. Il n’a jamais admis de vieillir, elle si. Ils ne vieillissent pas au même rythme. Elle attend en profitant de tout ce qu’elle aime, comme lui. Ils n’aiment pas les mêmes choses, tout simplement. Le vent s’engouffre dans la rue et soulève les premières feuilles. Cette saison l’ennuie, les journées raccourcissent et lui rappellent que le temps passe trop vite. La fraicheur ne la dérange pas, elle se couvre plus et se dissimule sous une grosse écharpe.

…..

Il monte tranquillement les marches. Il ne prend pas l’ascenseur, même si il est chargé de son sac à dos. Il prend son temps, retrouve l’odeur familière de la cage d’escalier. Il sait qu’elle est là, à l’attendre et se réjouit d’avance du bon dîner qu’elle lui aura préparé. Une choucroute, qui sait ? avec un peu de Gewürztraminer. Tout lui ferait plaisir à vrai dire.
Il est devant la porte et sonne. Aucune réponse, aucun bruit. Il sonne encore et s’impatiente. Serait-elle partie ? Il se raisonne et cherche son trousseau de clefs. Non, elle ne peut pas être partie, elle le lui aurait dit par un moyen ou par un autre. Elle l’aurait avertit aujourd’hui, alors qu’il atterrissait; elle l’aurait prévenu de son absence.
Il tourne la clef dans la serrure et est surpris encore : il y a la petite chaine qui empêche le visiteur importun d’entrer de force. Il sait comment la faire sauter, son petit couteau suisse va en faire son affaire … ça y est, il est enfin chez lui ! Les volets sont fermés et le silence est troublant. Il pose son sac et allume la lumière de l’entrée. En parcourant le couloir, il appelle « Marie ! Marie ! Je suis là, je suis rentré ! ». Aucune réponse. Il ouvre les portes et arrive devant celle de leur chambre. Elle est un peu ouverte, il fait noir. Il entre et allume l’interrupteur. L’odeur l’assaille, il est figé. Elle est là, dans ses draps, sans un mouvement. Il l’appelle encore et encore, la secoue et comprend. Elle a fait un malaise, elle respire. Il appelle les secours et la prend dans ses bras.

« Quelle histoire !
Oui, c’est assez drôle en effet.
Enfin je ne dirai pas ça parce que j’ai eu très peur quand elle n’a pas ouvert la porte et que je l’ai trouvée dans notre lit, sans connaissance ».
Il se retourne, elle est là, dans son fauteuil, emmitouflée dans son châle, elle boit du thé, elle regarde vers lui. Elle a l’air heureuse.

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

Publié dans #Eclat de voix

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Publié le 5 Juillet 2018

Anna Hope nous raconte l’histoire simultanée de différents personnages, au cours de quelques jours du mois de Novembre 1920, à Londres. Même si la première guerre mondiale est terminée depuis de nombreux mois, elle est très présente. Des gens remplissent encore à ce moment-là des dossiers pour obtenir une pension de guerre. Les souvenirs sont difficiles à contenir, surtout quand le deuil n’a pu avoir lieu faute de corps à enterrer. La misère est grande, tous les métiers sont bons à prendre, y compris danseuse rémunérée à la danse …
Chacun fait comme il le peut, avec toutes ses hontes, ses défauts et qualités. Les personnages sont si bien rendus que l’on se sent proche d’eux, à cent ans de distance. Cela donne toute sa force à ce beau récit.
De plus, sa lecture est très agréable. Tout pour plaire pour ce premier roman.

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

Publié dans #Littérature britannique

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