Petit manuel philosophique à l'intention des grands émotifs d'Ilaria GASPARI

Publié le 10 Janvier 2024

Ayant entendu à la radio une interview d’Ilaria Gaspari, je me suis précipitée pour acheter son essai. Il m’a fallu du temps et de la concentration pour déguster à petites bouchées ce livre qui commence en disant que la philosophie guérit les maux. Chaque chapitre est consacré à une émotion. Ilaria Gaspari n’hésite pas à puiser dans sa propre expérience pour alléger et illustrer en même temps ce qu’elle présente.

J’ai glané ici et là des idées. Certaines ont eu un écho tangible avec mes propres ressentis, d’autres ont été une véritable découverte.

Le postulat de départ est notre peur d’être comme les autres, de ressentir des émotions, les mêmes émotions. Or ressentir des émotions, c’est s’accepter, et en s’acceptant, on est capable de les affronter de face.

« Il est libérateur de dire : « J’ai peur du monde, et cette peur, je peux l’affronter ! » ».

Pour l’envie, elle cite Dante qui dit que l’envieux est affamé de vengeance et sa source inconfortable : le manque de confiance en soi.

Elle nous incite aussi « à sortir de la comptabilité des prix (et des punitions) pour mieux nous aimer, être aimés. »

La question « Suis-je heureux ? » doit être posée régulièrement. Si se poser cette question est douloureux, ce n’est pas grave. Le bonheur était une vocation pour les Grecs. Se poser la question est une bonne chose avant de s’apercevoir que le bonheur est parti, en garder le souvenir pour les jours de disette, garder l’espoir ainsi. Savoir en profiter pleinement et non, par exemple, tout prendre en photos, être là sans être là.

Socrate souligne l’importance d’être fidèle à soi-même, ce qui suppose de se connaître, comprendre qui l’on est. Être heureux, c’est réussir à vivre sans se trahir, ce qui est difficile.

« Je ne dois pas m’efforcer de retenir quoi que ce soit, mais me contenter d’être, être toujours ».

Le dernier chapitre aborde la gratitude, qui efface les dettes entre celui qui donne et celui qui reçoit. Elle cite Adorno « La seule relation de la conscience au bonheur est la gratitude ». Quand on a été éduqué dans une arithmétique de devoirs, de dettes, on ne peut s’adonner au bonheur. Il y a l’orgueil, la jalousie qui l’empêchent de survenir. « Comprise pleinement, la gratitude nous pousse vers la personne qui nous a apporté son aide ou vers la personne que nous avons aidée, parce que la reconnaissance concerne la relation entre le bénéficiaire et le bénéficiant ».

Il y a toutes ces frustrations liées à l’attente d’un geste, d’une récompense. Ne plus rien attendre libère sûrement et le cadeau reçu sans raison a encore plus de saveur dans ce cas.

Je ne pense pas avoir profité de tous ses enseignements, mais il est sûr que ce livre m’a donné une forme d’apaisement réjouissant, voire guéri quelques maux avec ses mots … Lire de la philosophie c’est faire un écho avec soi, mettre en résonnance ses idées avec celles des autres, en toute modestie. Cela demande un peu de courage d’expérimenter cet exercice rare, rechercher par exemple des définitions ou décrypter certaines citations de philosophes. C’est aussi un rendez-vous choisi avec un ou une amie qui donne à réfléchir.

Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

Publié dans #Philosophie

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