eclat de voix

Publié le 8 Janvier 2024

L'année a démarré très fort avec « La saison des feux » de Céleste Ng, une action permanente, des rebondissements, sans compter nombre de questions de société sur la maternité, l'éducation, les relations entre classes sociales … Un très grand roman !

Un autre livre a été un choc : « L'autre moitié du soleil » de Chimamanda Ngozie Adichie. Il relate la guerre du Biafra avec des personnages absolument imparfaits et attachants. L'écriture pure nous entraine loin avec ces personnages qu'on ne voudrait jamais quitter et décrit en même temps l'indicible. Voilà un roman extraordinaire.

« Rupture(s) » conduit à penser sur un sujet difficile, sans pour autant être inabordable. Ce document philosophique apaisant, donne envie de découvrir d'autres livres de Claire Marin, comme « Vivre autrement ».

J'ai été emportée par « Age of Vice » de Deepti Kapoor, roman indien, violent, percutant et très prometteur car c'est le premier volet d'une trilogie.

Céleste Ng m'a de nouveau ravie avec son roman « Nos cœurs disparus », roman d'anticipation bien ancré dans nos réalités.

 

 

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

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Publié le 4 Janvier 2023

Le plus impressionnant : « Tout s'effondre » de Chibua ACHEBE … une mécanique infernale peut boyer les meilleurs d'entre nous

Les personnages les plus attachants : « Celui qui veille » de Louise ERDRICH

Le plus beau sur la Nature : « De la forêt » de Bibhouti Bhoushan BANERJI

Le suspens le plus haletant : « L'un des nôtres » de Larry WATSON

Le plus stimulant pour écrire : l'essai de Susie MORGENSTERN « Ecrire c'est respirer »

Celui qui a mis mon cerveau à l'envers, pour mon plus grand plaisir : « Eugenia » de Onda Riku

 

Bonne année de lecture 2023 !

 

Pour moi, cela démarre en fanfare avec « La saison des feux » de Céleste Ng, à suivre …

 

 

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

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Publié le 26 Décembre 2021

Cette année a été riche encore une fois de rencontres, de découvertes, de réflexions diverses. Voici les livres et les auteurs qui m'ont le plus marquée en cette année 2021. Espérons que l'année 2022 sera aussi prolixe !

Rencontre avec un très grand auteur américain : Colson Whitehead, deux fois prix Pulitzer, avec « Nickel Boys » et l'incroyable « Underground railroad ».

Découverte d'auteurs africains : Tendai Hutu avec son roman attachant : « Le meilleur coiffeur de Harare », et Chigozie Obioma pour « Les pêcheurs », avec son écriture si belle.

Mon grand coup de cœur va à un auteur canadien récemment disparu, natif, Richard Wagamese. Son approche de la Nature est très particulière, poétique, magique et les sujets universels. Trois romans à découvrir : « Les étoiles s'éteignent à l'aube », « Starlight » et « Jeu blanc ».

Pour ce qui est du bon gros roman, il y a « Pachinko » de Min Jin Lee, une saga familiale entre la Corée et le Japon, là encore on voyage dans l'espace et le temps.

Plus près de nous, « Les choses humaines » de Karine Tuil traite de la vérité, de la justice, du consentement. Un livre tout en nuances pour aborder ces sujets difficiles.

Et pour terminer, un livre impossible à lâcher et superbement bien écrit : « La carte postale » d'Anne Berest. Sensible, fin et intelligent, sur le sujet toujours d'actualité de la judéité.

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

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Publié le 3 Janvier 2020

Beaucoup d'émotions ressenties cette année... Voici les livres les plus palpitants à mon cœur.

« Confiteor » de Jaume Cabre a été la grande et belle révélation, le roman à l'état pur qui offre toutes les possibilités à l'imagination …

La fiction peut tout, en particulier faire réfléchir, c'est le cas de «J'ai couru vers le Nil» d'Alaa El Aswany, un livre qui décrit sous tous les angles la société égyptienne avant et pendant sa révolution, dans toute sa violence. Du même ordre, « Les feux » de Shôhei Ôoka est un récit de guerre cinglant, où la place de la personne est presque oubliée.

Pour rêver un peu et réfléchir beaucoup, « La forêt sombre » de Liu Cixin est un ouvrage dense, plein de rebondissements, à l'imaginaire débridé pour mieux réinterpréter notre préocupation majeure : comment aborder le changement climatique et ses conséquences, à l'instar d'une invasion inéluctable ?

Le dépaysement est total pour « Nous qui sommes jeunes » de Preti Taneja, ambiance moite garantie, dans une Inde actuelle, avec le prix de la pire traduction, non pas de l'indien mais de l'anglais. J'ai adressé un mail à l'éditeur, relevant les erreurs sur les cinq cents dernières pages, sans recevoir de réponse. Cet auteure mérite vraiment d'être mieux traduite et relue, car son livre reste très réussi.

L'année 2020 commence fort, avec de nouvelles nouvelles, qui sait ? A bientôt.

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

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Publié le 10 Avril 2019

Elle n’est plus très jeune, elle a dû être très jolie, ses yeux sont brillants, rieurs, entourés de petites pattes d’oies qui attestent d’une bonne humeur. Elle ne sait plus bien quoi faire, elle se sent un peu perdue.

 

Elle s’assied et contemple la salle du restaurant. Il est vide à cette heure, espérons qu’il sera bien plein plus tard. La lumière filtre doucement par les rideaux, le temps est calme. Comment s’en sortir une fois encore ?

L’aide cuisinier a travaillé seulement quelques semaines depuis qu’il a été embauché lors de la reprise du restaurant. Il est maintenant tout le temps en arrêt maladie, il est son employé, personne ne peut être embauché à sa place. Enfin si, lorsque le papier de l’assurance maladie arrive le jour de la reprise du travail, elle contacte tout de suite la boite d’intérim. C’est comme ça, elle doit payer l’intérimaire plus cher que l’employé et le former à chaque fois, lorsqu’elle en trouve un. D’ailleurs, ce matin c’est la panique, une deuxième employé lui a fait parvenir son arrêt maladie. Celle-ci va être opérée d’une tendinite et elle sera absente plusieurs mois. Voilà, impossible de compter sur le tiers de son effectif.

Pourtant ce n’est pas le travail qui manque. Elle commence toutes ses journées à 7 heures pour les finir après le service du soir. Chaque jour, elle lave et repasse le linge des chambres, fait le ménage. Elle travaille six jours par semaine. Elle peut compter sur son mari à la retraite.

Elle ose à peine penser à ce qu’elle gagne tous les mois, personne ne pourrait la croire. Trois ou quatre cents euros seraient inadmissibles pour autant d’heures travaillées. Mieux vaut ne pas compter.

Elle est chef d’entreprise, fait partie des nantis, elle a pu réaliser son rêve et ne doit pas se plaindre. Pourtant, elle ne sait plus trop où elle en est maintenant.

Se plaindre serait avouer son échec. Et arrêter serait se mettre en situation périlleuse : le crédit à rembourser, qui serait assez fou pour reprendre ?

Il faut tenir bon, garder le sourire, accueillir les clients, continuer sans cesse. Elle sait qu’elle n’a pas le choix, c’est comme ça, elle se le répète pour tenir encore.

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

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Publié le 2 Mars 2019

Ma chère et tendre amie de toujours, juste un petit mot pour te dire que rien ne change.
J'ai besoin de te le dire.
J'ai gâché l'occasion de nous voir et je m'en veux.
Je m'en veux d'avoir manqué d'affection pour toi. Je me suis sentie impuissante, j'avais envie de dire ce que je pensais.
Je t'aime de tout mon cœur et je t'embrasse.

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Ma chère et tendre amie de toujours, juste un petit mot pour te dire que rien ne change, j'aime la personne au fond de toi, toutes les qualités que tu possèdes et j'aurai toujours un immense plaisir à nous revoir et nous parler.

J'ai besoin de te le dire car je sais avoir manqué de chaleur et d'attention à ton égard lors de notre dernière rencontre. J'espère que tu me pardonneras pour ça.
Je t'ai découverte si différente, trop excitée. Je ne t'ai pas reconnue et … tu ne m'as pas plue. Je Etait-ce-ce à cause de moi ? J'ai gâché l'occasion de nous voir et je m'en veux.
Je m'en veux d'avoir manqué d'affection pour toi, comme si je te punissais. Ce n'était pas ma volonté. Je me suis sentie impuissante, j'avais envie de dire ce que je pensais, être moi comme je m'y emploie à tout instant, or je n'étais plus moi-même.
Mon amitié est intacte, et considérons cet épisode comme une petite écharde dans le doigt, désagréable mais inoffensive.
Je t'aime de tout mon cœur et je t'embrasse.
 
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Ma chère et tendre amie de toujours, juste un petit mot pour te dire que rien ne change, j'aime encore la personne au fond de toi, toutes les qualités que tu possèdes et j'aurai toujours un immense plaisir à nous revoir et nous parler.
J'ai besoin de te le dire car j'ai senti que j'ai manqué de chaleur et d'attention à ton égard lors de notre dernière rencontre. J'espère que tu me pardonneras pour ça.
Je t'ai découverte si différente, trop excitée. Je ne t'ai pas reconnue et … tu ne m'as pas plue. Etait-ce à cause de moi ? J'ai gâché l'occasion de nous voir et je m'en veux.
Je m'en veux d'avoir manqué d'affection pour toi, comme si je te punissais. Ce n'était pas ma volonté. Je me suis sentie impuissante, j'avais envie de dire ce que je pensais, être moi comme je m'y emploie à tout instant, or je n'étais plus moi-même.
Votre relation avec ton mari est une énigme à résoudre : peu de chaleur et d'écoute entre vous. Il en est incapable pour toi. Je n'avais pas mesuré à quel point il en était, vous en étiez. Je pensais qu'il avait avancé – et je frémis à l'idée de ce que cela pouvait être avant ses progrès.
Maintenant la vie est courte et belle, tu le sais, alors sauve-toi avant de sauver ce couple qui n'en a que le nom.
Un couple, ce sont deux personnes qui se respectent, qui font plaisir l'une à l'autre, qui créent ensemble une famille, des moments pour se faire du bien, être heureux. C'est simple au fond. Il y a des désaccords mais ces deux personnes se parlent pour les exprimer et une fois l'un l'emporte, une autre fois c'est un compromis.
Mon amitié est intacte, reste comme tu es au fond de toi et fais grandir cette belle personne, elle le mérite vraiment.
Je t'aime de tout mon cœur et je t'embrasse.

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

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Publié le 18 Février 2019

Ce chat est un petit être vivant, qui communique à sa façon : les pupilles dilatées, oreilles en arrière ou soupir de détente absolue. Il a ses besoins et ses envies, rien ne doit les entraver car c'est un être tout à fait libre. Et il y tient. Son rituel le rassure peut-être, dormir la journée, courir la nuit, descendre à la tombée du jour pour profiter d'éventuels câlins. Il tourne autour des chaises et des fauteuils, se frotte contre eux et parfois, contre une jambe. Il est énervé, il saute sur la jambe, sans griffer toutefois. Il me regarde fixement, l'oeil perdu, sans signifier pour autant une intention. Il est tranquille la plupart du temps. Il s'étire, son corps souple n'est plus qu'une corde suspendue, il bâille en même temps, écarte sa mâchoire et laisse pendre sa petite langue rose entre ses dents pointues.

Dès qu'une caresse s'est tue, il lèche avec énergie l'endroit, comme pour se débarrasser de l'odeur intruse de la main. Wolfi chasse, se cache, est un fidèle compagnon pour le jardin, si présent qu'il gène parfois les travaux de bêchage. Il frime presque en sautant avec grâce, l'élan pris de loin. En hauteur sur les branches les plus souples, son regard porte sur son secret royaume. Il miaule quand il rentre, pour remercier peut-être, pour dire bonjour, pour dire qu'il est là.

Ce chat transpire des coussinets dès que la caisse est en vue, et s'enfuie à l'arrivée d'étrangers.

Il vérifie régulièrement qu'il est interdit de monter sur la table. Il est confiant, toujours à boire et à manger.

Il est définitivement tranquille, sa tête repose sur ma main, sa patte est posée sur mon bras ; après un soupir sonore, il ferme les yeux et sa respiration est lente, presque disparue. A lui de décider quand le moment est venu.

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

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Publié le 6 Janvier 2019

Les livres sont comme les gens, difficile parfois de dire ce qui nous plait en eux, ce ne sont que des impressions, des sentiments. 

La révélation de l’année est « Lemonde des hommes» de Pramoedya Ananta Toer. Tout juste terminé, je me réjouis d'avance de continuer les trois prochains tomes. Le commentaire du premier va bientôt être publié sur ce blog.

Ce livre allie tout ce que j’aime en littérature : une vraie histoire qui me déconnecte complètement de mon univers, tout en me touchant au plus profond, universelle.

La deuxième révélation a été « Les cavaliers » de Joseph Kessel, un grand livre, qui allie aussi tout ce qui est nécessaire au bonheur du lecteur. J'ai prévu de lire ses articles de journaliste. Kessel a rejoint Camus dans mon panthéon des merveilleux écrivains, ils étaient tous deux journalistes, sensibles à la vie.

Les livres qui m’ont beaucoup fait réfléchir sont : «La trilogie berlinoise» de Philip Kerr et « Le dernier des Camondo » de Pierre Assouline. Ces deux ouvrages ont en commun l'histoire de la seconde guerre mondiale, si lointaine dans nos mémoires et si proche de nous pourtant. Car nous n'avons pas changé, l'arbitraire potentiel est toujours latent dans nos sociétés évoluées ...

« Une vie en mouvement » de Misty Copeland, première ballerine noire à être danseuse étoile à l’American Ballet Théâtre, m'a beaucoup touchée. Son récit est à son image, plein de grâce et d’intelligence. Ce livre est à mettre obligatoirement entre toutes les mains, son courage est exemplaire.

Un bon livre de détente, plein de surprises, a été « Les disparus du phare » de Peter May. 

«  My absolute darling » de Gabriel Tallent est le livre qui m'a vraiment déplu, trop violent, sans intérêt.

L'année 2019 ne pourra qu'être meilleure. J'ai reçu « Desproges par Desproges », recueil inépuisable de dérision adorable.

 

Je vais essayer pour ma part d'oublier les affreux couples dans mes petites nouvelles pour plus de légèreté, ce qui est moins facile pour l'inspiration … Challenge !

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

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Publié le 10 Décembre 2018

Le gouvernement présente une augmentation de taxe pour la transition écologique.  Cette transition doit avoir lieu. 

Le seul problème est qu'on demande à ceux qui ne décident jamais rien d'avoir à assumer une situation. Celle-ci est catastrophique, mais n'a pas été voulue par les gens. Elle n'a pas été traitée à temps, c'est tout, et au premier chef, par nos élus successifs.

Cela peut donner le sentiment que nos politiques n'ont pas été à la hauteur dans le passé. Pouquoi leur faire confiance aveuglément désormais ? Et les gens se sentent déjà impuissants dans leur vie quotidienne, là ils se sentent plus qu'impuissants pour ce problème majeur du climat.

 

A cela s'ajoute un discours politique inaudible. Quelques exemples marquants.

«  Ce n'est pas bibi qui est responsable ! ». Mais qui alors ? Qui est le pilote de l'avion ? Et c'est une façon de répondre en disant « bibi » ?

Difficile de conserver le respect quand le représentant élu démocratiquement ne parle pas correctement.

« Il suffit de traverser la rue pour trouver du travail ». Oui, en renoncant à tes rêves de paysagiste, travail pour lesquel tu as certainement étudié.

Cela traduit un immense mépris pour tous ceux qui ont des projets, font des études pour les réaliser.

 

Du coup, le président a donné le coup d'envoi du manque de respect. Il ne restait plus qu'à allumer la petite mèche pour démarrer le feu.

 

Les journalistes font le reste en donnant le prix - 300 000 euros - du changement de moquette de l'Elysée. Il y a aussi l'idée que l'augmentation de la taxe carbone aurait aussi pour objectif de renflouer les caisses de l'Etat.

Maintenant, il y a les petites violences observées au quotidien, qui attisent le malaise. Ces petites violences ne font pas de bruit, parce que leurs victimes ne s'expriment pas. Elles ont honte ou pas de micro tendu pour les entendre. En voici quelques exemples de tout ordre, local ou national.

Toute la population française doit désormais déclarer et gérer ses impôts via internet, de même pour les démarches administratives comme pour la vente d'un véhicule. De nombreux services ont été mis en place pour aider ceux qui n'ont pas internet. Un individu n'est plus libre si il n'a pas internet puisqu'il doit faire appel à un tiers pour effectuer ses démarches. Il ne doit pas être forcé à utiliser cet outil.

Un monsieur à la retraite me dit qu'il ne veut plus payer d'impôts, il en a assez. Je lui répond qu'il doit avoir bien gagné sa vie pour payer des impôts. En effet, il veut garder son argent pour lui. Est-ce un cas isolé ? Pourquoi penser ainsi ? Il ne voit que la disparition de tout ce que l'Etat lui apporte : services publiques transferé sur internet, augmentation de la CSG sur les retraites, remboursements de la sécurité sociale en baisse …

Les TGV ne viennent plus jusqu'à Chalon sur Saône, résultat d'une piètre négociation. Ils s'arrêtent donc à la gare du Creusot TGV. Deux problèmes : les cars assurant le relais et le parking de la gare. Les cars qui assurent la liaison entre la gare du Creusot et celle de Chalon ne sont pas adaptés aux horaires des trains, et ne s'arrêtent pas pour desservir les villes traversées comme Givry, par exemple. Ainsi, un givrotin arrivant de Paris, doit patienter pour se rendre à Chalon, puis patienter encore pour prendre un car pour repartir d'où il vient pour aller à Givry. Bien entendu, son TGV ne doit pas arriver trop tard.

Renonçant au car, il prend sa voiture pour la laisser à la gare … dont le parking est obligatoirement payant. Il n'a aucun moyen de laisser sa voiture ailleurs. Il s'agit de vente forcée. Le parking est bien entendu privé. 

Dans ce cas, de quoi s'agit-il ? Le contribuable se sent pris au piège. Il ne peut plus exercer de choix. Il doit dépenser plus ou perdre beaucoup de temps pour effectuer un trajet a priori simple, ce qui était le cas encore récemment. A-t-il été consulté sur ces choix ? Non.

Ma voisine est juge d'instruction, elle doit assurer une permanence régulière au tribunal. Le nombre d'affaires à juger augmente : les derniers jugements sont rendus à plus de minuit. Que ressentent les membres du jury qui sont là pour certains depuis le début de la semaine ? Parmi eux, il y en a qui vivent à l'autre bout du département. Cette magistrate a un devoir de réserve. Elle s'épanche furtivement car elle ne veut jamais se plaindre du corps de l'Etat qu'elle respecte tant. Les membres de jury acceptent tout sans réserve, déférents envers l'institution. Qui va se plaindre ? Les gens sont bien plus gentils et respectueux qu'on ne peut l'imaginer. 

 

La morale a disparu, toutes les affaires désagrègent les édifices fragiles de la république. Les lois passées par ordonnance, sans concertation des représentants du peuple, la précipitation à retirer l'ISF dès le début du quinquennat, ont laissé une impression délétère.

Comment tous ces gens intelligents en sont arrivés là ? Je veux croire qu'ils sont intelligents. Vivent-ils vraiment coupés du monde extérieur ? 

Les adversaires vont se régaler de la débandade et attiser la violence. Rien ne peut avancer sans réel intérêt pour le peuple, sans chercher à comprendre, sans prêter attention aux mots employés, aux décisions prises.

 

L'horizon doit être la planète, tout le monde doit s'y mettre avec ses moyens, en ayant confiance et sérénité. Au gouvernement de nous donner confiance et sérénité.

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

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Publié le 19 Octobre 2018

Il la regarde, elle ne change pas.

il aurait bien aimé voir des gens ce week-end, cela fait si longtemps … Il ne se souvient plus de la dernière fois. Elle est toujours mince, chic, ses cheveux placés impeccablement. Son maquillage est discret, ses vêtements coûteux, cela lui plait. Il se tourne vers le jardin, la pelouse n’est pas tondue.

« Dis donc, tu n’as pas passé la tondeuse.

- Je n’en avais pas envie.

- C’est vrai, tu n’as envie de rien.

- Non ce n’est pas vrai, j’ai juste fait autre chose.

- Et si moi j’avais passé ma vie à faire autre chose que de travailler ? Hein ?

- Eh bien nous aurions vécu autrement, ne sois pas vulgaire.

- C’est bien toi, de me dire de ne pas être vulgaire.

- Pourquoi ?

- Parce que tu ne sais déjà pas bien parler français, alors la vulgarité, ça te connait.

- T’es vraiment méchant.

- Non, réaliste. D’ailleurs, j’ai corrigé les fautes d’orthographe sur ta liste de courses, ma pauvre fille.

- Bon, je te laisse là parce que j’ai mieux à faire que de t’écouter.

- C’est sûr.

- Je retourne à ma peinture ».

Elle tourne les talons et se dirige vers son petit atelier au fond du jardin, son lieu réservé. Elle ouvre la porte et a le souffle coupé. Des larmes coulent aussitôt sur ses joues, ses jambes tremblent. Elle est suffoquée par un mélange de colère et de stupéfaction. Il a osé.

Il a toujours critiqué ses peintures : trop de rouge, trop de noir, trop de couleur, tout de travers, encore rien à dire, encore de la peinture gâchée, heureusement que tu n’exposes pas, ce serait la honte … Elle a tout entendu depuis toutes ces années. Elle aime l’abstrait, les couleurs, les couleurs la transcendent, elle les associe merveilleusement.

D’ailleurs cela ne l’a pas empêchée d’exposer avec des amies et elle a obtenu un petit succès. Elle aime gagner de l’argent, il lui en faut toujours, cela la rassure et aussi compense toutes ces bêtises qu’elle doit entendre. Cette fois, il a dépassé les bornes, elle est tétanisée. Il a repris son portrait, profitant de la peinture encore fraîche pour « corriger » les traits délicats, formés avec patience.

 

Elle se précipite dans la maison, il est assis dans le salon, et lève les yeux de son journal.

« Alors, c’est pas mieux comme ça ? ». Elle n’en revient pas, elle a envie d’hurler, elle bafouille.

« Mais oui, je t’avais dit que ça n’allait pas et tu ne faisais rien pour arranger ça, voilà qui est fait maintenant. »

Elle explose de fureur : « Quel salaud tu fais, tu n’en a pas assez de me gâcher la vie ? Il faut que tu gâches ma peinture maintenant ? ».

Il arbore son petit sourire satisfait, si désarmant, celui qu’il avait avec ses patientes mécontentes, sa carapace irréprochable.

« Et voilà, tu t’énerves encore. Tu es incapable de me remercier. Quelle ingrate tu fais. Bon, je vais te laisser, je dois partir maintenant ».

 

La laisser, c’est toujours pareil. Il la laisse et la reprend. Elle adore être reprise, comme une vieille voiture d’occasion. Il a peut-être envie d’une neuve à présent. C’est ce que sa fille lui a laissé entendre. Elle pourrait être bientôt abandonnée. Enfin, sa fille ne lui a pas dit qu’il avait quelqu’un d’autre, elle lui a seulement répété ce que son père lui a dit. Il veut se séparer d’elle. Cette idée la fait frémir : toutes ces années à le subir pour rien au final. Que deviendrait-elle sans lui ? Il est bien capable de refuser de lui donner quoi que ce soit, il est tellement radin. Où irait-elle ? Comment continuer sans argent ? Elle est déjà trop âgée pour reprendre un poste. Ses enfants pourraient l’aider. Cela fait si longtemps que sa fille lui dit de partir, si longtemps. Elle n’a jamais su le faire. Elle ne connait rien d’autre. Elle était éblouie par ce garçon charmant qui avait traversé toute la France pour demander sa main à ses parents alors qu’ils venaient tout juste de faire connaissance. Elle était éblouie par sa gentillesse, il était très beau, mince comme aujourd’hui, des yeux pleins de tendresse. Son avenir était tout tracé, une belle situation, la promesse d’une vie aisée, sans soucis, une belle position sociale.

Quand ils se sont mariés, elle a été étonnée de sa désinvolture; ce n’était pas pour lui déplaire, c’était plus marrant que gênant. Ils allaient aux soirées étudiantes et buvaient à l’oeil, profitaient de tout, sans se soucier de ce que pouvaient penser les autres.

Les disputes ont commencé tout de suite, elle ne s’en est pas inquiétée pour autant. Les réconciliations étaient si délicieuses. Il savait lui dire ce qu’elle voulait entendre et elle oubliait aussitôt les petites vacheries. Elle était heureuse, elle allait fonder sa famille, avoir une belle maison, acheter tout ce qu’il lui plairait. Elle ne se posait pas de questions. Il était présent dans tous les sens, et surtout au lit, point essentiel.

Mais justement c’est bien terminé de ce côté-là et quand elle repense à aux assauts quotidiens de son mari, elle s’inquiète un peu de ce changement, arrivé sans faire de bruit. Il n’était pas avare de compliments non plus. Et cette petite phrase répétée de sa fille a aggravé son sentiment de délitement complet de leur relation.

 

Elle s’arrange les cheveux devant le miroir, ses yeux sont cernés. Sa bouche est toujours plus fine, plus dure.

Il est en bas, prêt à partir pour son séjour en montagne; il doit attendre qu’elle descende pour lui dire au revoir. Non, il a claqué la porte d’entrée. Elle est libre. Enfin presque.

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

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