Publié le 25 Septembre 2023
Ce livre exigeant, brillant, relate un monologue sur cinq jours. Un homme parle, se dévoile, raconte, par moments d'une manière hallucinée, sa vie et sa misère humaine. Cet homme semble intelligent, il est désespéré. Il ne sait pas vivre. Comment peut-on devenir ainsi ? Nature ? Education ? Camus ne donne pas de pistes.
Pendant une bonne part de son existence, cet homme n'a pas réalisé qu'il ne « savait » pas vivre. Son portrait est d'une modernité très étonnante. Avant, il ne souffrait pas, il était, point. Jusqu'au soir où il sauve de la noyade une femme.
Voir la femme vouloir en finir avec la vie l'interroge sur son amour de la vie.
Et ce qui lui reste de conscience, au fin fond de son être, va peu à peu dévaster toute sa structure faite de réussite, de pouvoir, de jouissance. La mutation est lente, les efforts se font sentir par sursauts. La nature ancienne ressurgit dans les dérives du discours. Il ne comprend pas ce qu'il lui arrive et lutte contre lui-même. Son récit est difficile à suivre car il m'apparaît qu'il n'a pas tout à fait saisi ce qu'il vit. Il est plus affecté par les aspects extérieurs – qui le dérangent de plus en plus et qu'il ne peut maîtriser – lui, le roi du contrôle, du jeu social, du jeu amoureux. Il raconte tout cela à un interlocuteur qui le suit sans beaucoup intervenir. L'autre a l'air de négliger ses réactions, du moment qu'il reste là, à l'écouter.
Ce récit semble dénoncer une société égoïste, sans âme, qui permet le totalitarisme. La meilleure démonstration de cette fausse humanité est quand il fait le bien pour que les autres lui soient redevables ou qu'il ait un une meilleure réputation possible de brave homme !!! C'est cynique et si plausible, glaçant sûrement. Intemporel bien évidemment.