Cet album se déguste à petites bouchées pleines de tendresse. L'auteur nous raconte une partie de sa jeunesse et plus précisément comment éviter de se rendre à la synagogue. Pour cela, il décide de faire partie de ceux qui la protègent. Il doit apprendre à se battre. Sfar a grandi seul avec son père, avocat niçois réputé qui a aussi un temps fait partie du conseil municipal. Beaucoup de tendresse lient ces deux-là. Tout est bien amené, les relations avec les nazis, les profs, les autres, le moment où la vie bascule, ou pas. Les petits détails du dessin, indiqués avec une grosse flèche, amènent encore plus de douceur, de véracité au récit. C'est un album profond et délicat à mettre entre toutes les mains pour se rappeler qu'un juif ne peut pas oublier qu'il est juif, parce que les autres se chargent toujours et encore de le lui rappeler. Malgré la shoah, il y a toujours et encore des exactions contre eux.

Ce qui frappe d'abord à l'ouverture de cet album, c'est la couleur qui jaillit sur ces grandes pages, couleur absente généralement des dessins de Sempé. Les aquarelles ou les crayons de couleur transcendent une scène de pluie, des rayons de lumières jaunes apparaissent dans la grisaille des buildings, une coupole rose éclate au-dessus d'un salon où une toute petite fille danse. Magique.

Voici donc les œuvres de Sempé réalisées aux Etats-Unis durant des décennies. Il y fut envoyé par le journal « L'express » puis a travaillé pour le célèbre magazine « The New Yorker ». Ces réalisations reflètent sa vision, sa sensibilité face au quotidien (les gens assis pour déjeuner au pied des gratte-ciels) ou à l'exceptionnel (les premiers pas sur la lune).

En marge des magnifiques planches de Sempé, des commentaires éclairent l'époque, la vie de Sempé. Le témoignage de François de Closets sur le lancement de la fusée Saturne V et les premiers pas sur la lune est très intéressant. Il était envoyé par son journal avec Sempé pour couvrir l'évènement.

Un album réussi, très beau.

L'auteure nous raconte son enfance dans son quartier de Palerme dans les années 30. Elle est fascinée par le cinéma, et surtout voir à l'écran l'acteur Jean Gabin. Pour cela, il lui faut de l'argent. Elle fait l'école buissonnière pour se procurer les quelques lires indispensables.

Difficile d'apprécier ce livre de cette auteure célèbre, car le style est indigeste, certainement de son époque, avec ces fulgurances et trop ampoulé. Or notre héroïne est une toute jeune fille, elle n'a pas le langage accordé avec son âge. L'exaltation est à tous les coins de page. Par moments, quelques émotions sincères, voire une sagesse d'une femme bien expérimentée. Au milieu du livre, elle évoque sa rencontre avec une américaine, appelée Jean, bien plus authentique que le reste. Il faut peut-être aborder ce livre comme un document d'un lieu et d'une époque. Certains passages sont très amusants. Le père était avocat pour tous, les riches comme les pauvres. Et employait dans sa propre maison certains d'entre eux à leur sortie de prison. La cuisinière est une meurtrière tout à fait saisissante. Elle nourrit la famille et serre dans ses bras la petite qui a faim.

Je reste dubitative sur l'intérêt de ce récit bancal d'une fillette aux préocupations d'adulte très fortement politisé. En réalité, j'ai trouvé ce livre très ennuyeux. Je l'ai terminé par curiosité, pour savoir à quoi il pourrait mener.

Cette bande dessinée commence de manière classique. Un homme vit seul avec son troupeau de brebis dans le Massif des Ecrins. Ses brebis sont régulièrement attaquées par le loup. Un jour, il tue la mère du loup et laisse la vie sauve à son petit. Il est interdit de tuer les loups, il le sait et nie farouchement lorsqu'il est interrogé par les gardiens du parc. Il est bourru et répond brutalement.

Puis tout le troupeau est décimé. Il va à la recherche du loup pour se venger. Le paysage prend toute sa force, les éléments sont contre lui. Le loup le nargue. A la moitié du récit, on est complètement emporté.

Ce récit est le dernier de la série « Le poids des secrets ». Il est consacré à l'héroïne principale de tous ces petits romans. La partie où elle raconte au soir de sa vie l'emprise dont elle fut victime est glacante … et si réaliste. Il y a toujours quelque chose d'universel à la cruauté et même si l'histoire se déroule au milieu du vingtième siècle au Japon, elle pourrait tout aussi bien être vécue aujourd'hui, les leviers de pression seraient différents mais l'origine du mal est toujours la position de faiblesse de la victime, femme, ostracisée socialement, sans ressources, ni espoir d'améliorer sa situation.

Injonction douce et gracieuse au lecteur de ce bel objet graphique. Sa couverture est rouge, le Mont Fuji est désigné en bleu. Tout est beau et délicat dans ce livre. Chaque page est consacrée à un trait culturel de cet étrange pays. Un mot est écrit en bas de la page avec une petite phrase en caractères plus petits qui donne une touche amusante, un clin d'oeil au dit mot. Au dessus, un dessin très simple ou plus recherché, deux trois couleurs pour révéler encore une facette du mot. C'est magnifique. Pour finir, les Kanji – caractères de l'écriture japonaise – sont indiqués pour chaque mot.

Le titre est un peu contradictoire avec le sujet car cet ouvrage est peu lisible pour quelqu'un qui ne s'est pas rendu au Japon. Ou alors il faut le prendre comme un point de départ pour donner envie de decrypter tous ces mots mystérieux ou ces us bien étranges. En effet, tout le charme et l'étrangeté du Japon sont dévoilés ici, et chaque page rappelle la magie de ce pays très lointain.

Voici le quatrième volet de la série « Le poids des secrets », secret toujours plus lourd au fil des épisodes. Cette fois, nous nous intéressons à la vie du mari de l'héroïne du volet précédent. Cet homme a dû quitter sa première femme, sur l'insistance de ses parents, parce qu'elle ne lui « donnait » pas d'enfant. Il leur a obéi alors qu'il aimait sa femme. Celle-ci a refait sa vie avec un autre homme … et a eu un enfant avec lui !

Puis il croise la route de sa seconde femme et décide de l'aimer malgré le refus de ses parents de l'accepter. Elle n'est pas assez bien pour eux.

Tout ceci peut sembler désuet et inimaginable mais l'avis des parents, de l'entourage, reste très pregnant encore. Au fil des tomes, on s'attache de plus en plus aux personnages, les secondaires devenant les principaux. Cette façon de raconter l'histoire devient très intéressante car cela montre comment des vies s'inbriquent les unes aux autres. Le secret de l'un peut être délivré à l'autre, mais il va conduire tel personnage à commettre telle action qui aura des conséquences importantes pour la suite ...