Publié le 29 Juin 2023
Cette lecture fut pour moi vertigineuse émotionnellement. Claire Marin évoque toutes les ruptures pouvant se présenter dans la vie, comme par exemple la rupture amoureuse ou la rupture familiale. Ses chapitres sont courts, précis, très simples à aborder et étayés d'exemples de la littérature et de la philosophie. Il n'y a pas de recette ici mais une mise à nu de nos ruptures. On a envie de se souvenir de toutes ces phrases si lumineuses éclairant d'un jour nouveau les évènements, apportant du recul et … de la philosophie.
Dans le chapitre « Le plaisir de la dispersion », Claire Marin remet en question le moi unique, figé, pour un moi flexible, plastique sans qui nous ne pourrions nous supporter. Elle évoque la rupture familiale par le biais du roman « Le chagrin » de Lionel Duroy, ce petit garçon qui n'en peut plus de « payer le prix exorbitant de l'amour pour cette mère égoïste, qui cesse d'être l'objet d'un investissement affectif ». « Pour échapper à la contagion d'égoïsme mortifère et à la violence psychologique, nous faisons 'mourir' l'autre en nous. »
Elle traite de l'insomnie dans le chapitre « Traverser la nuit » en la liant à l'impossibilité de rompre avec le passé. « L'oubli est parfois difficile, parce qu'il confirme la perte définitive d'un être ou d'un mode d'être dont je ne crois pas supporter l'absence sans m'effondrer ». « C'est parce que nous tenons encore à notre passé et que nous croyons tenir aussi grâce à ce passé que rompre nous est si coûteux ».
« Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde » disait Camus. Claire Marin sait nommer les choses, c'est certain.