Publié le 28 Avril 2024

Ce roman dépeint le conditionnement familial, l’emprise de l’éducation sur deux jeunes filles, amies depuis toujours. Elles sont du quartier de Brooklyn à New York, leurs pères font partie de la mafia italienne. L’un a secrètement le projet de s’en échapper, l’autre doit s’en « débarrasser » pour grandir et asseoir sa puissance. Elles restent amies malgré tout. En revanche, les mères ne se parlent plus …

Nous suivons pendant plusieurs années leur amitié très forte, impressionnante.

Ce livre décrit les loyautés et les trahisons des mafieux, leurs codes, l’enfermement moral, l’enfermement tout court, la violence psychologique et physique. L’auteure raconte aussi comment la mafia s’est emparée du désespoir des juifs durant la seconde guerre mondiale, assurant à ces désespérés une intégration en Amérique.

Le style a un peu entravé le plaisir de cette lecture, sa poésie et son emphase était peut-être vouées à apaiser la dureté du récit, je n’y ai pas été sensible.

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

Publié dans #Littérature américaine

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Publié le 31 Mars 2024

Aki Ito est une nisei, née en Amérique de parents japonais. Son père a créé une entreprise florissante de marché de légumes en gros en Californie. Sa mère n’a pas besoin de travailler. Rose est sa sœur ainée et adulée. Elle a une force, un courage, une liberté et une sociabilité qui l’impressionnent. Aki a dix-neuf ans quand les Américains déclarent la guerre aux japonais après l’attaque de Pearl Harbor. La famille d’Aki est déportée dans un camp, spoliée de tout, sans avenir, sans droits. Une année plus tard, Rose a le droit de partir vivre à Chicago, où elle ne connait personne, sans sa famille. Ses parents et sa sœur peuvent la rejoindre environ une année plus tard. Rose n’est pas là à leur arrivée à Chicago. Ils apprennent qu’elle se serait suicidée la veille en se jetant sur les rails du métro. Aki découvre que sa sœur se serait fait avorter quelques semaines auparavant, chose interdite bien entendu.

Cette famille heureuse et sans histoire est peu à peu brisée par le camp, puis par la tragique disparition de Rose, devant s’adapter à tout : vivre dans un petit appartement sordide réservé aux japonais, trouver du travail sans rapport avec l’expérience du père, trouver des ménages pour la mère, rester dignes quoiqu’il arrive, ne pas faire d’histoires non plus. Le camp a effacé toute velléité de vivre normalement. Ils ne sont pas considérés comme Américains, ils n’ont plus de droits.

Aki enquête pourtant, avec sa candeur de jeune femme, et toute son intelligence, malgré sa situation précaire.

Tout est intéressant dans cette histoire, les nombreux personnages, le contexte historique. L’auteure rend compte par petites touches, par petites scènes, combien l’oppression est forte pour ces gens. Et combien il est aisé de profiter de leurs malheurs.

Ce roman m’a beaucoup plu, j’ai envie de découvrir d’autres livres de Naomi Hirahara.

 

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

Publié dans #Littérature américaine

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Publié le 31 Mars 2024

Nous suivons la vie de Bastien et Maïa en alternance, chaque chapitre est consacré à l’un ou à l’autre. Maïa est une jeune femme célibataire, elle vient de perdre son emploi de journaliste dans un journal scientifique fondé par deux frères rencontrés dans la rédaction du journal Science et Vie. Son ex-collègue Florence est son amie. Maïa trouve des hommes sur des applis pour des relations sexuelles sans lendemain. Sa famille est réduite à son père veuf retraité et sa tante Victoire, chercheur au CERN en Suisse. Celle-ci lui demande un service un peu spécial …

Bastien vit seul également, inspecteur du travail, toujours souffrant de sa séparation depuis deux ans. Il se rend dans une entreprise de banlieue où un tronc humain a été trouvé dans une presse compactant du plastique. Il y retourne ensuite avec une collègue. Il est obsédé par la compacteuse et est mis ensuite en arrêt maladie.

Il m’a été difficile de s’identifier à un personnage, de me sentir concernée par le problème scientifique traité. Sophie Divry a quelques phrases superbes pour dépeindre ces caractères si peu sociables. Elle m’a donné aussi l’impression de lire un polar improbable pour adolescent … j’ai fini par ne plus du tout être intéressée par le récit !!! J’ai terminé le roman sans autre envie que de passer vite à autre chose, autant dire que j’étais très déçue de ne pas apprécier ce livre qui m’a été gentiment offert.

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

Publié dans #Littérature française

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Publié le 27 Mars 2024

Le ton des livres de Susie Morgenstern m’enchante, leur contenu s’évapore avec autant de facilité. Ce n’est pas important, ce qui compte c’est le plaisir ressenti sur le moment. Cette lecture est revigorante. Le livre commence avec des photos de famille et la liste de ses dix-huit exils, chacun d’entre eux faisant ensuite l’objet d’un chapitre. Susie Morgenstern a un humour débridé, féroce et tendre en même temps pour évoquer le moindre souvenir, et elle en a bon nombre à raconter. L’un de ses exils est « être juive ». Elle explique comment elle se sent juive à tout instant et détester « ces prières léchant le cul d’un dieu invisible » … tout en enviant ses amies profondément religieuses. Voilà, c’est tout elle. On est constamment surprise et amusée. Et c’est instructif ! Par exemple, pourquoi chaque juif a la responsabilité de s’initier à l’étude de la Torah, donc apprendre à lire et à écrire ? A cause de l’exil des juifs à Babylone, puis à Bagdad, puis en Espagne.

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

Publié dans #Autobiographie

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Publié le 11 Mars 2024

Je suis éblouie par ce roman étrange, brillant, philosophique. La culpabilité, la maitrise de soi (il aime ça !) et de son corps, les vies vides et vaines, la place de chacun dans l'histoire des autres. La construction est fascinante et le suspens rend le livre addictif. J'ai eu du mal à le laisser. Il s'en dégage beaucoup de tristesse et finalement, ce livre tend à démontrer qu'on n'a pas tant de prise sur son destin, son histoire, il faut faire avec. C'est un peu une sorte d'analyse qui se déroule avec tous les fantasmes qui vont avec : tuer le père, violer la mère, la sœur … certains faits n'ont aucune explication, comme le lien avec Nakata mais cela n'a pas d'importance, moi qui aime tant tout ce qui est bien rationnel.

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

Publié dans #Littérature japonaise

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Publié le 27 Février 2024

Quelle merveille ! Guirec Soudée nous raconte ses débuts de marin au grand large. Il a grandi sur l’unique maison d’une petite île bretonne, il est passionné de surf, paddle, pêche … Ses études arrêtées, il travaille dur pour rassembler suffisamment d’argent pour se payer un modeste bateau. Assez vite, il fait connaissance de Monique, et elle va l’accompagner tout au long de ses pérégrinations marines : le Cap Nord, les rugissants et le Cap Horn, quatre transatlantiques. Ah oui, Monique est une poule, non seulement elle lui donne des œufs, mais est aussi d’une bonne compagnie.

Guirec a vingt ans quand il part, son premier objectif est de traverser l’Atlantique. Dès qu’il a besoin de faire des réparations – et il y en a très souvent – il s’arrête, travaille jusqu’à pouvoir payer le matériel et les réparations s’il ne peut pas les faire tout seul. Au fur et à mesure, il décide de sa prochaine expédition, se trouver pris dans les glaces du Grand Nord par exemple. Il n’a pas de contrainte de temps. Il se connait très bien, recherche une forme de solitude et sa force mentale est impressionnante.

Ce livre est un résumé de toutes leurs aventures, des évènements plus ou moins dangereux, des rencontres, des descriptions de paysages et tout cela présenté avec beaucoup d’humour, ce qui allège les moments périlleux.

Un seul petit bémol pour ceux qui n’ont jamais fait de voile, Guirec utilise un vocabulaire technique, c’est ainsi !

Cette lecture fut une source de joie, de rires, c’est rare d’éprouver autant de plaisir à lire. J’aimerai lire plus souvent ce genre de livre, l’Aventure avec un grand A, racontée par une personne admirable à tous points de vue.

 

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

Publié dans #Document

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Publié le 22 Février 2024

De prime abord, ce roman a l’aspect d’un livre pour adolescent : la typographie du titre penche du côté du gothique. Mais c’est seulement une impression !

Nous sommes en Suisse, à Berne, à la fin du 18ème siècle. Une enfant se retrouve orpheline et se présente à l’hôpital où elle demande le docteur Curtius. On lui répond peu aimablement que le docteur demandé ne travaille pas dans l’établissement. Mais elle pourrait se rendre non loin de là, dans une rue sale et sombre. N’ayant pas d’autre solution, Marie va sonner à la porte indiquée. Un homme très étrange finit par ouvrir la porte et la reçoit. Il modèle pour la Faculté des viscères, des morceaux de chair humaine, elle devient son assistante.

Marie grandit auprès de cet homme bizarre, aux relations réduites au strict minimum et qui n’a qu’une seule passion dans sa vie : mouler dans la cire toute partie du corps humain nécessaire à la Science.

Leur destin est mêlé, ils n’ont que l’un et l’autre dans leur vie.

Voici le début de ce roman émaillé de nombreux schémas, comme si Marie – devenue plus tard Petite – nous les avait adressés pour compléter son récit à haute voix.

L’histoire nous amène à celle de la Révolution française, présentée de l’intérieur, la terreur avec un grand « T », la guerre civile, les retournements de situation.

J’ai littéralement dévoré ce roman étonnant, magnifiquement traduit de l’anglais par Jean-Luc Piningre et qui aurait demandé quinze ans à son auteur pour l’écrire … et le dessiner.

Je n’ai pas eu l’occasion de lire d’autre roman sur cette période très trouble de la Révolution française et de ce fait, ce roman revêt beaucoup d’intérêt. Le personnage principal est vraiment fascinant. Et on découvre pour finir qu’elle a vraiment vécu, qu’elle est très célèbre. Chut ! Lisez ce livre, il est exceptionnel.

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

Publié dans #Littérature britannique

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Publié le 10 Février 2024

Jonathan Coe sait raconter les histoires, son style est fluide. Nous nous attachons peu à peu à Mary, sa famille, celle d’où elle vient, celle qu’elle construit avec son mari, leurs vacances, les ambitions des enfants. Tous ces faits sont mêlés de plus ou moins près à un événement qui a marqué l’histoire de l’Angleterre, le premier étant la fin de la seconde guerre mondiale. Il y a ensuite le couronnement de la reine Elisabeth, la coupe du monde de football en 1966 … et d’autres encore jusqu’à la pandémie qui débute et clôt l’ouvrage.

Les personnages peu parfaits, les situations assez banales, apportent une humanité, une sorte de vérité à ce roman attachant.

Au cours du récit, Coe évoque des sujets de société, les émeutes avant le mariage de Charles et Diana, les difficultés avec le Parlement européen, et plus largement le nationalisme et le racisme.

Le mot qui vient à l’esprit en ayant définitivement refermé ce livre est la délicatesse. Elle est si bien employée pour exprimer et relater des situations difficiles.

A la toute fin, il y a un dialogue qui dénonce le besoin de tranquillité au prix de la souffrance des autres, c’est tout à fait remarquable et efficace.

Je recommande vivement à tous les amateurs du Royaume Uni et à ceux qui aiment les nuances.

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

Publié dans #Littérature britannique

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Publié le 7 Février 2024

Panorama se déroule dans une drôle de ville : les maisons ont des parois transparentes, de telle sorte qu’on peut tout y voir, ou presque, de l’extérieur. C’est une volonté politique pour rassurer les gens, qui n’ont en principe rien à cacher. Seuls les quartiers de non-droit ne sont pas soumis à cette règle, et ne disposent pas par conséquent de l’intervention des forces de l’ordre. Tout le monde peut dénoncer tout le monde et surtout, les verdicts sont rendus par sondage public.

Impossible de ne pas songer à certaines émissions de télévision où le jugement est sans appel, soit-disant juste parce qu’émanant du peuple qui a toujours raison.

Cette histoire donne à réfléchir, si proche et si loin de nous.

Passée la moitié du livre, l’action prend de la vitesse et j’ai dévalé l’escalier, une après-midi pour finir cet alcool fort, d’autant que je rencontrais curieusement des difficultés à retenir les prénoms des personnages.

Ce roman est riche d’enseignements car en usant de cette science-fiction douce, on réalise que vouloir toujours plus de justice peut engendrer des dérives. La transparence poussée à l’extrême fait dérailler les gens. Ils ne peuvent pas éviter de penser aux autres, à ce que les autres pensent d’eux, c’est une sorte d’enfermement moral. Bien sûr, cette transparence fait écho aux réseaux sociaux. Elle empêche de vivre sa vie, en s’écoutant, sans se soucier des autres et la confiance en soi disparait au profit de la crainte de ne pas être conforme à ce que la société attend.

Au début de cette histoire, il est question d’une semaine de folie où toute la société s’est déchainée. Les gens ont fait justice eux-mêmes. Puis ils ont été amnistiés, parce qu’ils étaient trop nombreux. Un nouveau système s’est alors mis en place : le peuple juge, sans avocat pour le justiciable. La justice est précieuse, garde-fou de la société. Elle doit être choyée pour cette raison. Ce n’est sans doute pas le cas, elle souffre de manque de moyens.

Pour finir, l’intrigue est excellente, c’est un roman dérangeant dont le fond donne à réfléchir.

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

Publié dans #Littérature française

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Publié le 6 Février 2024

En 1942, Julien Gracq enseignait à Angers et vivait en dehors de la ville. Il se rendait donc en car pour ses trajets à l’instar du narrateur qui passe quotidiennement devant une maison qui le fascine. Celle-ci est isolée, dans une sorte de bosquet, très à l’écart de la route et d’un style peu courant. Un jour, l’homme entreprend de voir de plus près l’édifice semblant abandonné. Là le récit prend corps, toute la poésie de l’écriture de Gracq se déploie en nous entrainant dans une végétation dense, un peu hostile, on s’y croirait. Tous les sens sont en éveil. Après moultes difficultés, l’homme contourne la maison et une surprise l’attend. La fin est un peu abrupte. Est-ce la raison pour laquelle cette histoire n’a été éditée qu’en 2023 et bien après le décès de l’auteur ?

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

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