Publié le 3 Février 2024

Au sein d’une famille pauvre du fin fond de l’Amérique, il y a la drogue, l’alcool, l’enfant au milieu à la merci du copain grand costaud manipulateur. L’écriture est celle du garçon qui raconte, directe et sans fioritures.

Je me sens comme un voyeur en lisant le livre, j’ai l’impression de Kingsolver joue sur un registre si malsain que j’ai envie de savoir la suite … toujours pire que ce que je viens de surmonter.

J’ai arrêté la lecture après le premier tiers, et à onze ans, le héros a subi tant de situations cruelles que je n’ai pas envie d’en savoir plus. J’ai bondi parfois tant la violence est épouvantable.

Tout le monde va adorer ce roman – déjà prix Pulitzer – pour les raisons qui me font reculer. Ce fut le cas pour « American Darling » de Tallent. On pourrait dire « Vous vous en souviendrez pendant longtemps » … mais pas pour de bonnes raisons.

Nancy Huston a très bien décrit ce phénomène dans « Professeurs de désespoir » : plus c’est monstrueux, mieux c’est.

Il est certain qu’il y a nombre d’enfants maltraités mais ce récit n’est pas pour moi.

Je suis terriblement déçue car j’avais adoré « Les cochons au Paradis » et « Les yeux dans les arbres », livres que je considère comme les meilleurs romans que j’ai eu la chance de lire. Son précédent roman, « Des vies à découvert » m’avait laissée perplexe, je comptais sur celui-ci pour renouer avec cette auteure. Et c’est toujours si triste de ne pas réussir à terminer un livre.

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

Publié dans #Littérature américaine

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Publié le 26 Janvier 2024

Luisella grandit dans une petite ville du Nord de l’Italie, au 19ème siècle. Sa beauté de petite fille est remarquée par un homme soi-disant propriétaire viticole. Les parents de la fillette de cinq ans sont pauvres et acceptent que Luisella parte avec un inconnu pour un avenir meilleur. L’homme la dépose chez Mona, une vieille femme qui va prendre soin d’elle dans sa masure éloignée de toute civilisation. Luisella grandit et se rebelle, demande à voir les vignes, d’autres horizons. Piqué, il la retire à Mona et l’emploie à transporter le fruit de ses vols opérés par les bandits sous sa coupe. Elle découvre la vie sur sa mule, vit toujours seule ou presque. Puis vient un jour où elle revoit Mona qui la vêt de beaux vêtements voyants. Luisella a pour mission de détrousser de jeunes gens riches lors d’une fête, en compagnie de son patron. La conscience de Luisella l’en empêche, c’est un choc pour elle de découvrir des gens qui mènent une autre vie, avec des perspectives, sans se corrompre. Elle prend sa liberté avec un immense courage. Son mentor est fait prisonnier, il la menace.

Voici le résumé du début de ce récit rondement mené, narré avec une belle langue, riche, singulière, qui porte cette histoire passionnante, et réelle, car Bertil Galland s’est inspiré d’un long poème écrit à la gloire de Luisella.

Le seul bémol à ce roman est parfois la sensation, ressentie dans la seconde partie, de lire un guide touristique tant les descriptions sont fournies et ralentissent alors le rythme.

C’est l’occasion de découvrir l’Italie avant son unité, les difficultés pour se rendre d’un endroit à l’autre, puis la découverte de la France de cette époque riche artistiquement.

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

Publié dans #Littérature suisse

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Publié le 10 Janvier 2024

Ayant entendu à la radio une interview d’Ilaria Gaspari, je me suis précipitée pour acheter son essai. Il m’a fallu du temps et de la concentration pour déguster à petites bouchées ce livre qui commence en disant que la philosophie guérit les maux. Chaque chapitre est consacré à une émotion. Ilaria Gaspari n’hésite pas à puiser dans sa propre expérience pour alléger et illustrer en même temps ce qu’elle présente.

J’ai glané ici et là des idées. Certaines ont eu un écho tangible avec mes propres ressentis, d’autres ont été une véritable découverte.

Le postulat de départ est notre peur d’être comme les autres, de ressentir des émotions, les mêmes émotions. Or ressentir des émotions, c’est s’accepter, et en s’acceptant, on est capable de les affronter de face.

« Il est libérateur de dire : « J’ai peur du monde, et cette peur, je peux l’affronter ! » ».

Pour l’envie, elle cite Dante qui dit que l’envieux est affamé de vengeance et sa source inconfortable : le manque de confiance en soi.

Elle nous incite aussi « à sortir de la comptabilité des prix (et des punitions) pour mieux nous aimer, être aimés. »

La question « Suis-je heureux ? » doit être posée régulièrement. Si se poser cette question est douloureux, ce n’est pas grave. Le bonheur était une vocation pour les Grecs. Se poser la question est une bonne chose avant de s’apercevoir que le bonheur est parti, en garder le souvenir pour les jours de disette, garder l’espoir ainsi. Savoir en profiter pleinement et non, par exemple, tout prendre en photos, être là sans être là.

Socrate souligne l’importance d’être fidèle à soi-même, ce qui suppose de se connaître, comprendre qui l’on est. Être heureux, c’est réussir à vivre sans se trahir, ce qui est difficile.

« Je ne dois pas m’efforcer de retenir quoi que ce soit, mais me contenter d’être, être toujours ».

Le dernier chapitre aborde la gratitude, qui efface les dettes entre celui qui donne et celui qui reçoit. Elle cite Adorno « La seule relation de la conscience au bonheur est la gratitude ». Quand on a été éduqué dans une arithmétique de devoirs, de dettes, on ne peut s’adonner au bonheur. Il y a l’orgueil, la jalousie qui l’empêchent de survenir. « Comprise pleinement, la gratitude nous pousse vers la personne qui nous a apporté son aide ou vers la personne que nous avons aidée, parce que la reconnaissance concerne la relation entre le bénéficiaire et le bénéficiant ».

Il y a toutes ces frustrations liées à l’attente d’un geste, d’une récompense. Ne plus rien attendre libère sûrement et le cadeau reçu sans raison a encore plus de saveur dans ce cas.

Je ne pense pas avoir profité de tous ses enseignements, mais il est sûr que ce livre m’a donné une forme d’apaisement réjouissant, voire guéri quelques maux avec ses mots … Lire de la philosophie c’est faire un écho avec soi, mettre en résonnance ses idées avec celles des autres, en toute modestie. Cela demande un peu de courage d’expérimenter cet exercice rare, rechercher par exemple des définitions ou décrypter certaines citations de philosophes. C’est aussi un rendez-vous choisi avec un ou une amie qui donne à réfléchir.

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

Publié dans #Philosophie

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Publié le 9 Janvier 2024

Il y a quelques années, une copine de Pilate m’a dit en chuchotant que sa fille de 8 ans avait des problèmes. Puis elle s'arrêta, me jugeant de son regard planté tout droit dans les yeux : que pouvaient bien être ces problèmes ? La petite voyait des fantômes partout. Elle était constamment effrayée. Sa mère était désemparée et ne savait que faire. Bien des années après, une voisine me racontait la même chose à propos de son fils. J’étais encore plus intriguée et plus encore à l’écoute, il m’arrivait - très rarement – d’avoir l'impression de la présence de mon père défunt à mes côtés. Alors ce livre m'a attiré car c'est le sujet. Une maman meurt peu après avoir donné naissance à un petit Hadrien. Celui-ci la voit et voit d’autres morts. Cela envahit sa vie de petit garçon. Il est en colère car incompris. Son père va se battre pour trouver un moyen de vivre avec cela, vivre tout court.

Ce roman se lit tout seul, il y a quelques digressions mais c’est sans doute pour alléger le sujet abordé de manière très sensible.

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

Publié dans #Littérature française

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Publié le 8 Janvier 2024

Voici la véritable histoire de Mokhtar né en Amérique dans une famille modeste de yéménites exilés. Il ne sait pas bien quoi faire de sa vie et découvre fortuitement que le café vient du Yémen. Il développe une passion telle qu'il va apprendre tout du café et son énergie folle va le conduire à rencontrer les quelques producteurs restants au Yémen. La culture du Qat a remplacé celle du café. Les rares producteurs de café sont pauvres : les intermédiaires ne leur font pas profiter des hausses de prix du café et sont très peu regardants sur la culture, le stockage, le tri et le transport des petites cerises rouges : le café.

La fin du livre est absolument haletante, inimaginable, digne des meilleurs livres d'aventures, et pourtant tout y est véridique.

C’est le troisième de Dave Eggers que je lis, avec toujours autant de plaisir. Son écriture a pour effet de donner l’impression d'écouter une histoire sensationnelle raconté par un ami proche.

 

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

Publié dans #Littérature américaine

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Publié le 8 Janvier 2024

L'année a démarré très fort avec « La saison des feux » de Céleste Ng, une action permanente, des rebondissements, sans compter nombre de questions de société sur la maternité, l'éducation, les relations entre classes sociales … Un très grand roman !

Un autre livre a été un choc : « L'autre moitié du soleil » de Chimamanda Ngozie Adichie. Il relate la guerre du Biafra avec des personnages absolument imparfaits et attachants. L'écriture pure nous entraine loin avec ces personnages qu'on ne voudrait jamais quitter et décrit en même temps l'indicible. Voilà un roman extraordinaire.

« Rupture(s) » conduit à penser sur un sujet difficile, sans pour autant être inabordable. Ce document philosophique apaisant, donne envie de découvrir d'autres livres de Claire Marin, comme « Vivre autrement ».

J'ai été emportée par « Age of Vice » de Deepti Kapoor, roman indien, violent, percutant et très prometteur car c'est le premier volet d'une trilogie.

Céleste Ng m'a de nouveau ravie avec son roman « Nos cœurs disparus », roman d'anticipation bien ancré dans nos réalités.

 

 

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

Publié dans #Eclat de voix

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Publié le 28 Novembre 2023

Ce roman se situe à Biella, dans le nord de l'Italie, ville moyenne avec son activité industrielle. La campagne autour reste active sur le plan agricole. Nous suivons le parcours de Marina, ses envies, ses joies, ses peines, sa relation avec son amoureux, avec son père aussi. L'auteure sait si bien la décrire qu'on la voit, si belle, si volontaire. Certains passages sont bien sentis sur la société de consommation. Il ne reste malheureusement pas grand chose de ce long récit, malgré une très belle écriture.

 

 

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

Publié dans #Littérature italienne

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Publié le 16 Novembre 2023

L'auteure est chroniqueuse judiciaire pour le journal Le Monde depuis des années. Elle en a vu des procès, mais celui dont il s'agit là reste une exception. Maître Temime le citait comme le type de retournement de situation impossible à envisager.

Madame Robert Diart a rencontré celui par lequel tout est arrivé.

Il est le fils de Maurice Agnelet, ancien avocat à Nice, marié et père de trois garçons. Maurice Agnelet avait plusieurs maitresses, l'une d'entre elles était Agnès Leroux, fille d'un propriétaire d'un casino. Il réussit à la convaincre de signer un compromis avec un autre propriétaire de casino. Puis tout s'accélère, Agnès Leroux fait des tentatives de suicide et disparaît mystérieusement en Octobre 1977. Sa famille interroge l'avocat. Il se marre. Vraiment.

Tout ceci n'est que le début d'une incroyable histoire. Le récit est si bien écrit qu'on ne se sent pas voyeur à sa lecture, mais bien estomaqué par le culot et la personnalité de monsieur Agnelet.

Ce livre est impressionnant, très rapide à lire pour les curieux qui veulent comprendre, savoir.

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

Publié dans #Document

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Publié le 4 Novembre 2023

Le fond de l'histoire est le changement climatique avec ses conséquences. Ici, c'est le déplacement des papillons dans une forêt appartenant à une famille de pauvres gens, englués dans les dettes, leur vision sociale et intellectuelle. L'héroïne a en quelque sorte subit sa vie depuis toujours : mort des parents, mariage obligé parce qu'enceinte, perte du bébé, beaux-parents exécrables … Sa rencontre avec un scientifique passionné est l'occasion de superbes échanges. Elle comprend qu'elle est intelligente, que la société de consommation conditionne les gens et que cette société ne souhaite pas leur émancipation.

Dellarobia - quel beau prénom ! - doute, refléchit, et devient au fil des pages une amie proche. Très beau livre !

Ce livre a été édité il y a dix ans en France, il reste vraiment d'actualité.

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

Publié dans #Littérature américaine

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Publié le 31 Octobre 2023

Rugueux est le qualificatif qui vient naturellement dès les premières lignes. Elles doivent être relues, Il faut se mettre en ordre de bataille pour rentrer dans le Feu incessant du cerveau du personnage. Les idées fusent, les impressions, les incantations de la mère. Est-ce le style de Maria Pourchet ou seulement celui de cet opus ? J'ai eu l'impression d'un dressage incontournable pour continuer. Le livre est constitué de courts chapitres en alternant les pensées de Laure et de Clément. Ils sont des créatures paumées, qui à force de jouer un rôle, ont perdu leurs personnalités en route. Leurs existences se croisent. Vont-ils se révéler à deux ? Ou continuer à se raconter des histoires ?

Le désintérêt survient au fil des pages, malgré les saillies de Véra, la fille de Laure. L'ennui veille, malgré les bonnes phrases, les uppercuts. L'ennui est là. Les personnages sont creux, désolants, si peu sympathiques, presque ringards avec cette femme qui attend toujours un geste de l'homme.

Heureusement c'est vite lu.

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

Publié dans #Littérature française

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