Panorama de Lilia HASSAINE

Publié le 7 Février 2024

Panorama se déroule dans une drôle de ville : les maisons ont des parois transparentes, de telle sorte qu’on peut tout y voir, ou presque, de l’extérieur. C’est une volonté politique pour rassurer les gens, qui n’ont en principe rien à cacher. Seuls les quartiers de non-droit ne sont pas soumis à cette règle, et ne disposent pas par conséquent de l’intervention des forces de l’ordre. Tout le monde peut dénoncer tout le monde et surtout, les verdicts sont rendus par sondage public.

Impossible de ne pas songer à certaines émissions de télévision où le jugement est sans appel, soit-disant juste parce qu’émanant du peuple qui a toujours raison.

Cette histoire donne à réfléchir, si proche et si loin de nous.

Passée la moitié du livre, l’action prend de la vitesse et j’ai dévalé l’escalier, une après-midi pour finir cet alcool fort, d’autant que je rencontrais curieusement des difficultés à retenir les prénoms des personnages.

Ce roman est riche d’enseignements car en usant de cette science-fiction douce, on réalise que vouloir toujours plus de justice peut engendrer des dérives. La transparence poussée à l’extrême fait dérailler les gens. Ils ne peuvent pas éviter de penser aux autres, à ce que les autres pensent d’eux, c’est une sorte d’enfermement moral. Bien sûr, cette transparence fait écho aux réseaux sociaux. Elle empêche de vivre sa vie, en s’écoutant, sans se soucier des autres et la confiance en soi disparait au profit de la crainte de ne pas être conforme à ce que la société attend.

Au début de cette histoire, il est question d’une semaine de folie où toute la société s’est déchainée. Les gens ont fait justice eux-mêmes. Puis ils ont été amnistiés, parce qu’ils étaient trop nombreux. Un nouveau système s’est alors mis en place : le peuple juge, sans avocat pour le justiciable. La justice est précieuse, garde-fou de la société. Elle doit être choyée pour cette raison. Ce n’est sans doute pas le cas, elle souffre de manque de moyens.

Pour finir, l’intrigue est excellente, c’est un roman dérangeant dont le fond donne à réfléchir.

Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

Publié dans #Littérature française

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