litterature francaise

Publié le 27 Octobre 2018

Suite de « Yerruldegger », ce polar est toujours autant plein de péripéties. L'action se situe en Mongolie, dans sa capitale Oulan Bator. Cette ville est extrêmement sordide, elle a perdu sa spécificité mongole pour ressembler progressivement à n'importe quelle capitale.

 

Puis l'intrigue se déroule dans la steppe, où la nature est déchainée (vents violents, glaces et gelées), en Russie dans des villes fantômes et … au Havre !

L'histoire est racontée en très courts chapitres, avec de nombreuses surprises. L'ennui est impossible et il arrive même parfois de rire très franchement. Le seul petit défaut est la pléthore de personnages portant des noms mongols compliqués et il est préférable de lire très vite cette intrigue fourmillante de crainte de ne plus pouvoir suivre.

Le « fond » soviétique de ce roman est très excitant, plein de mystère, de logique digne des meilleurs romans d'espionnage, de références à des faits réels qui brouillent les pistes. Par exemple, Manook évoque la ville russe où Khodorkovski (ce PDG condamné pour escroquerie et évasion fiscale) a été emprisonné. Les russes voulant s'y rendre doivent posséder un passeport. Il n'y a qu'un seul hôtel pour les voyageurs, toujours plein pour décourager les amis et la famille du célèbre prisonnier de venir dans cette ville perdue … ville non seulement isoléee mais polluée par les mines d'uranium tout autour.

 

Le bien et le mal non plus trop de place, c'est la vitesse et l'intelligence qui l'emportent.

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

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Publié le 4 Octobre 2018

Les carnets commencent en mai 1935, Camus est âgé de vingt et un an.

Ce qui frappe tout de suite, c'est sa maturité. Il a un recul incroyable et une plume magique pour synthétiser en une ou deux phrases une pensée fugace.

Camus était un homme très libre, dans ses mouvements, ses choix. Il prend le temps de contempler le soleil du soir dans la mer, d'observer la courbe du corps des femmes qui l'excitent. Ce n'est jamais vulgaire. Il les aime d'une façon désuète, regarde leurs corps et les commente, comme des œuvres d'art, avec beaucoup d'amour.

Ces notes prises au fil de ses pensées sont des ressentis, des idées pour ses histoires, des sensations, des émotions de lecture.

Certaines phrases sont de purs bijoux, justes, allant droit au cœur.

Je n'imagine pas comment il pouvait être dans la vie courante mais toutes ces richesses intérieures devaient l'occuper beaucoup et il avait sans doute besoin d'être seul pour laisser tout ce flot de pensées s'écouler en lui.

C'est très touchant et étonnant de lire la pensée d'un homme qui savait si bien les transcrire.

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

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Publié le 27 Septembre 2018

Ils sont jeunes, ils s'aiment. Franck est infirmier aux urgences. Emilie reprend sa thèse de littérature sur un romancier anglais. Cet auteur mythique s'en donne à cœur joie sur le sexe et la violence dans ses polars.

Elle part trois mois sur une île d'Ecosse où cet auteur a perdu la vie mystérieusement après vingt années de retrait de la vie « normale ». Elle a pour tout compagnon le gardien de l'île.

Frank la rejoint pour assister au congrès annuel en l'honneur du romancier, impatient de la retrouver après toutes ces semaines sans elle. Nous suivons les atermoiements de Franck, il ne sait pas trop ce qu'elle pense et elle ne semble pas trop pressée de le revoir... Voilà.

Ce récit est ponctué de ces « journées d'études » fastidieuses sur les polars. C'est caricatural et ennuyeux comme cela se doit. Alice Zeniter décrit un univers triste et pathétique, à l'instar de ce couple.

Heureusement, Stock, le personnage du gardien, pimente l'histoire. Il aime boire et fait découvrir à Franck les trésors de l'île où il a toujours vécu.

Celui-ci, littéralement noyé par son obsession pour Emilie, s'intéresse peu à Stock.

Le point de départ du livre était prometteur mais l'ennui et la déception ont pris le dessus.L'oubli est arrivé bien vite.

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

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Publié le 3 Août 2018

Dans Budapest après la seconde guerre mondiale, sans illusions, sans ambitions, deux jeunes garçons déambulent avec pour tout espoir faire un jour pitié aux californiennes qui pourraient alors … leur tailler des pipes !

Imre vit avec sa famille dans une maison coincée entre les rails de la gare, pleine du bruit et de la lumière des phares des trains. Le jardin est quotidiennement maculé des déchets jetés par les fenêtres.

Ses parents se respectent mais il n'y a pas d'amour entre eux. Aussi bien la situation de la maison que celle des parents ne peuvent avoir lieu qu'à l'ère soviétique. Tout y est absurde mais on s'accroche à ce qui est, de crainte d'avoir moins en voulant changer.

Alice Zeniter raconte avec délicatesse cet univers froid et brutal, la lente évolution de ce garçon qui doute de lui, dans ce monde incertain. Il va croiser la route d'une jeune femme toute différente, très sûre d'elle, qui voit la vie en noir et blanc. Il en est ébloui et prend cette rencontre comme un cadeau.

Au delà de ce récit original parce qu'il met en scène des gens ayant vécu avant et après la chute du mur de Berlin, l'auteur dresse un tableau touchant de la Hongrie, pays qui n'intéresse personne, sans paysage marquant et bien malmené par l'Histoire.

Ce livre est très beau, touchant et d'une lecture très agréable, même si le propos est assez désabusé.

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

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Publié le 30 Juillet 2018

Ce polar raconte l'histoire d'un flic qui s'intéresse par hasard à une série de morts dûes à des piqûres d'araignées « Recluse ». Il est seul contre tous à trouver ces morts suspectes et doit, grâce à son charisme incroyable, se faire aider par les membres de son équipe. Chacun d'entre eux est une nature unique.

En marge de l'énigme principale, des meurtres et des harcèlement sont résolus. Le commissaire est très doué, rien ne lui échappe grâce à son sixième sens, et il n'hésite pas à faire appel à tout le monde, y compris son frère, avec des moyens parfois discutables.

Tous les personnages, très nombreux, font l'objet d'une description très détaillée, et les particularités sont répétées, au cas où le lecteur aurait oublié.

Chaque élément du décor est précis : la camionnette est non seulement jaune mais du jaune de la Poste. Voilà ; j'ai été noyée par tout ça et il en est resté une impression désagréable de lire du club des cinq pour adultes.

 

 

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

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Publié le 21 Juin 2018

L’histoire commence la découverte par une maman de ses deux petits enfants morts dans leur appartement. La nounou est là aussi, gravement blessée peut-être morte elle aussi, on ne le sait pas. C’est le personnage central, fascinant, de ce récit. Fascinante parce qu’elle est très différente à tous points de vue, parfaite et dérangeante, compliquée à cerner, avec un parcours de vie dévoilé peu à peu, par petites touches. Sa vie est vraiment unique, pleine de mystères et infiniment triste.

A vous de découvrir cette femme et de comprendre comment on en est arrivé à ce drame. C’est très facile et agréable à lire, heureusement car le malaise est toujours là. La morale de ce livre pourrait être la suivante : la perfection n’existe pas, méfions-nous.

Leïla Slimani décrit avec grâce les petites banalités de tous les jours.
La femme a envie d’être mère parfaite tout en étant celle qui réussit sa carrière professionnelle. Les enfants sont innocents et ne raisonnent pas comme les adultes, ne serait-ce parce qu’ils n’ont pas d’expérience de la vie, ils ne savent pas ce qui est normal ou non. Ils oublient vite ce qui se passe et du coup, ils ne racontent rien.
Enfin, elle dépeint les indélicatesses inhérentes aux différences de statut social. Par exemple, les employeurs ont du mal à voir assister à leurs vacances, une femme qui ne pourrait jamais avoir un luxe pareil. En réalité, cela leur gâche leur plaisir d’avoir un regard sur leur vie aisée. Cela renvoie à l’injustice de la naissance. Pourquoi elle et pourquoi pas moi ? Il vaut mieux éviter que cette question n’arrive.


Enfin, l’auteur met le doigt sur un point très important : le manque de dialogue. Le couple qui emploie la nounou, Louise, ne s’intéresse pas du tout à elle. Ils se contentent d’un commentaire positif d’un ancien employeur pour être sûrs de leur choix. Ensuite, ils ne lui demandent jamais rien à propos de sa vie, où elle vit, si elle a une famille … Cela arrange Louise consciemment ou inconsciemment, car le dialogue sera plus difficile en cas de litige.


Tous les ingrédients sont réunis pour le drame. Magistral.
 

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

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Publié le 6 Juin 2018

Roman écrit il y a plus de cinquante ans, « Les cavaliers » est d’une modernité saisissante. Les mots ou tournures de phrases sont peut-être plus soignés que les romans actuels. Les situations et impressions restent bien d’actualité. Et pourtant, il s’agit d’une histoire de cavalier qui se situe en Afghanistan au début du siècle dernier. Rien de bien attirant dans ce thème a priori désuet, hormis l’intérêt historique pour l’époque et le lieu. Eh bien la surprise est là, au détour des pages, elle commence avec le récit d’un vieux sage, un conteur connu de tous qui régale son auditoire d’une histoire de cavalier. Et les hommes présents, en transit sur la route, prennent le temps de l’écouter, tous subjugués par ce récit, alors qu’ils viennent de tous horizons, de toutes conditions. Et la magie opère sur eux et sur nous, lecteurs d’ici, quelques décennies plus tard …

Ouroz, le héros, est l’archétype du garçon gâté. Il l’est par la nature et par sa condition sociale. Rien ne le touche, il joue pour éviter l’ennui, aucun obstacle n’a d’effet sur lui. Il en veut à son père, on ne sait pas bien pourquoi. Il participe à une course traditionnelle où le vainqueur doit brandir un trophée (un animal mort enterré dans le sol). Cette course a lieu pour la première fois à Kaboul en présence de tous les dignitaires du pays. Tout ne se passera pas comme prévu et la course folle - contre lui-même - va avoir lieu ensuite.

C’est extraordinaire de sensibilité, plein de rebondissements, d’apparition de personnages fascinants. L’instinct l’emporte souvent sur la rationalité. Tout est pétri de règles, de traditions à respecter, de la religion, des places dévolues dans cette société.

La Nature est la reine, les chevaux les maîtres. C’est un hymne à la Nature toute puissante. Les hommes ne sont rien puisqu’ils ne sont que de passage sur cette terre. Elle sait bien leur rendre ses bienfaits à qui sait l’aimer et la respecter.

Comme tous les alcools forts, cet ouvrage ne peut pas être avalé d’un trait, trop d’action, de phrases construites, de mots choisis et de profondeur d’âme. Ce livre exigeant est indispensable.

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

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Publié le 14 Mai 2018

Ce livre nous narre une belle histoire vécue par l’auteur, alors qu'il s'agit de deux décès « injustes ». Le premier est celui d’une petite fille emportée par le tsunami. Le deuxième concerne une femme vaincue par la récidive de son cancer, alors que son dernier enfant a à peine un an.

Emmanuel Carrère, au travers de ces deux expériences, nous décrit l’éveil de sa conscience, sa nouvelle envie de raconter la vie des autres, de son entourage, avec sa voix, ses émotions.

Par exemple, il nous parle d'un de ses amis, juge de son état et qui souffre de ses jambes. Celui-ci partage avec une jeune femme sa passion pour la justice et leur relation est vraiment exceptionnelle. Il mène une vie difficile mais belle, bien remplie, où on ne se ment pas mais on décide de bien faire, au mieux, pour de vraies causes, pour les autres.

L’auteur nous permet de découvrir de magnifiques personnes, en les dépeignant avec une superbe écriture. Très émouvant, voire à pleurer pour de vrai.
 

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

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Publié le 18 Avril 2018

Une jeune femme seule ouvre sa porte une nuit d’orage à un homme portant sa petite fille dans les bras. Elle les recueille trempés, la petite a une forte fièvre. Il va falloir qu’ils restent un peu pour réparer le toit de leur roulotte qui a pris l’eau.
Cette femme ne se pose pas trop de questions et prend les évènements au jour le jour, sans se demander ce qu’il adviendra ensuite. L’homme fonctionne de la même façon, il attend de guérir d’un drame personnel.
Le récit est à plusieurs voix, mêlé d’une autre histoire qui se passe pendant la dernière guerre. Tout se rejoint à la fin du livre.

L’idée principale est qu’il faut vivre au temps présent, faire avec le passé, sans pour autant que celui-ci empêche de vivre. Et ne pas se poser de questions sur ce qui pourrait arriver ensuite. Il y a beaucoup de bons sentiments, de belles personnes, de beaux paysages et un jardin qu’on aimerait visiter. Et pourtant ce livre ne m’a pas émue comme il aurait dû.

Tout d’abord l’écriture m’a rappelé celle des livres destinés aux adolescents, des phrases toutes simples, très descriptives, sans aucun mystère ou poésie. L’histoire déborde de bons sentiments, de valeurs d’amitié, d’amour. La vie est belle parce qu’elle est constellée de petits moments délicieux à portée de main : une jolie vue, le régal d’un légume poussé dans le jardin … Parfois, des phrases toutes faites appuient tout ce discours positif.
Ce livre veut à toute force faire passer un message d’amour mais sans aucune prétention littéraire. Il doit faire du bien, rendre les gens meilleurs, en présentant de beaux personnages, qui certes ont leurs souffrances et défauts mais qui sont gentils au fond.
Certains livres réussissent le tour de force d’arriver à faire passer ces messages tout en étant d’une immense qualité littéraire. Ils sont peut-être plus crédibles.
Seule une lettre, écrite par un des personnages, m’a vraiment touchée.

 

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

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Publié le 14 Avril 2018

Des jeunes tuent leur ennui sur les Plates, rochers au bord de l’eau, au bord de la ville de Marseille, sous la route. Ils se jaugent, se défient en sautant de perchoirs naturels, toujours plus dangereux. Le lieu est sous surveillance d’un policier déglingué par une vie ratée. Il boit, est seul. Il n’envie pas les jeunes, il les observe sans cesse, attendant en vain qu’il se passe quelque chose. Il n’a rien d’autre à faire, bizarre.
Tout ce petit monde bien codé va être chamboulé par la venue d’une jeune fille. Son comportement est étrange. Elle n’a pas l’air de savoir ce qu’elle veut.

Les phrases sans fin, trop chargées, trop de tout, m’ont dérangées. Est-ce voulu ? Il y a aussi des mots très rares qui stoppent le flux de lecture. Est-ce voulu ? J’avoue que ce style ne me plait pas, même si le livre reste très facile à lire.
 

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Rédigé par Hélène Daumas Objectif Livre

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